Glenn Snelwar amorce son retour discographique sous le projet At War With Self en proposant le troisième volet intitulé "A Familiar Path". Deux ans après "Acts Of God", cette nouvelle galette s’inscrit pleinement sous la coupe du multi instrumentiste américain, car il se charge des instruments à cordes, du clavier et même des vocaux. La place de batteur est occupée par Manfred Dikkers, habile technicien des baguettes qui officia également sur l’album précédent.
Si la plongée dans le monde musical de Glenn Snelwar peut quelque peu rebuter par son aspect très technique et avant-gardiste, "A Familiar Path" marque tout de même un effort significatif qui tend à démontrer que la virtuosité peut aussi rimer avec une certaine forme d’accessibilité. Sans pour autant délaisser ses descentes de manches façonnées "shred" ou ses riffs complexes bien souvent à la limite du thrash, Glenn Snelwar s’applique à imprimer des lignes mélodiques intéressantes et très travaillées par le biais de son instrument de prédilection, la guitare classique.
En effet, la plupart des titres composant "A Familiar Path" n’échappe pas à cette marque de fabrique qui au fond, instaure un cachet, une identité très vite reconnaissable. Le métal progressif fouillé et mature est bien entendu à l’honneur, car les structures complexes associées à des cassures de rythmes associés à des sonorités changeantes se taillent la part du lion. D’autant plus que la majorité des plages repose sur le mode instrumental, histoire de bien aiguiller l’auditeur dans ce climat toujours en mouvement entre la finesse et la brutalité.
Mais si effectivement Glenn Snelwar emprunte cette voie déjà tracée par des formations aussi convaincantes dans ce domaine, comme par exemple le lumineux trio Bozzio, Levin, Stevens ou bien encore les redoutables américains de Cynic, il s’octroie tout de même quelques penchants vers un rock progressif fort bien servi, notamment sur le titre éponyme. Une atmosphère "floydienne" enrobe ce long morceau sur lequel le virtuose de la six cordes prend le micro.
L’instrumental "Concrete And Poison" s’invite lui dans une ambiance assez proche, quoique nettement plus musclée quand même, de ce que Mike Oldfield pourrait proposer. Cet aspect de la musique particulièrement bien mis en évidence par Glenn Snelwar démontre une réelle aptitude à diversifier et enrichir son propos. D’ailleurs, entre ces deux titres, des instrumentaux torturés entre teneur acoustique et réverbération électrique parviennent à renforcer brillamment cet aspect progressif dont le talentueux duo n’a aucun mal à en faire son cheval de bataille.
"A Familiar Path" n’est certainement pas le genre d’album qui s’écoute à la va-vite, bien que la tendance générale s'oriente tout de même vers plus de facilité d’accès que ses prédécesseurs. Il faut être suffisamment patient pour s’en imprégner pleinement et surtout pour apprécier à sa juste valeur son contenu dense et néanmoins chaleureux. Le jeu en vaut largement la chandelle et c’est donc tout simplement sous les auspices singuliers de la réussite que se termine ce nouvel épisode aussi épique que galopant signé At War With Self.