Le 5 août 1992, Jeffrey Porcaro décède d’un accident cardiaque. La disparition du batteur - fondateur de Toto plonge le groupe dans le désarroi. Comment continuer sans Jeff ? Finalement, après quelques mois d’hésitation, David Paich, Steve Lukather et Mike Porcaro décident de poursuivre l’aventure Toto, “conformément à ce qu’aurait voulu Jeff”. Ils engagent l’Anglais Simon Phillips, un batteur ambidextre qui a participé à de très nombreux projets prestigieux avec des artistes aussi variés que Peter Gabriel, Mike Oldfield, Camel, Judas Priest ou encore Mick Jagger ... Parmi les acteurs de l’album Tambu, on retrouve Steve Porcaro à la programmation et le célèbre percussionniste Lenny Castro.
Par rapport à Kingdom Of Desire, le son est plus plein (plus compressé sur la basse par exemple), l’instrumentation moins brute et les chœurs plus présents. Steve Lukather est mis en avant, aussi bien dans son jeu de guitare qui assure la plupart du soutien ryhtmique au détriment des claviers, légèrement en retrait même si David Paich apparait plus que dans Kingdom qu'au chant....
Côté compositions, pas de surprises ; Tambu lorgne plus du coté de IV que du côté d’Isolation, Turn Back ou Kingdom...... Plus “californien” en somme (rien de réducteur dans ce terme). Les compositions sont de bonne facture et nous retrouvons avec plaisir la qualité du son Toto, toujours impeccable et équilibrée, avec des touches inédites de vocaux féminins (Baby He’s Your Man, Blackeye, The Turning Point), des incursions vers des rythmes assez groovy (Time Is The Enemy, Turning Point ou Baby...), les inévitables ballades estampillées Lukather (The Other End of Time, pas mal, ou Just Can’t Get To You, bateau), et aussi un excellent instrumental typé jazz-rock, Dave’s Gone Skiing. The Road Goes On montre même de très bonnes dispositions à faire évoluer un titre d’une base simplement acoustique vers des habillages beaucoup plus symphoniques. Simon Phillips a parfaitement intégré le groupe ; sa frappe millimétrée sais aussi se faire musicale (l’entame de I Will Remember) et très jazz sur Dave’s Gone Skiing.
Si cet album, impeccablement réalisé, n’offre guère d’originalité marquante dans la carrière de Toto, Tambu reste cependant un excellent moment d’écoute, proposé par un groupe garant de qualité dans les productions FM des années 80-90.