Alors que le monde de la musique est à l’époque en train de vivre des changements sans précédents dans son histoire, Deep Purple, tel le phénix, renaît de ses cendres, après huit années d’absence. Lâchant des formations de renom telles que Black Sabbath, Rainbow ou Whitesnake, les membres du Purple Mark II reprennent les hostilités là où ils les avaient laissés en 1972 avec « Who Do We Think We Are ». Finie la période 'soul' Coverdale/Hughes, fini également le Hard façon « In Rock » ou la Maestria d’un « Machine Head ». Deep Purple ne regarde pas en arrière et se base sur ses acquis et sa maturité pour nous proposer une nouvelle formule : un rock mélodique, teinté de Rythm And Blues et garni de paroles parfois très fun de Gillan, une rythmique forte possédant un groove inégalé, un orgue hammond omniprésent et un guitariste déjà dans la légende.
Doté d’une pochette agréablement sobre, "Perfect Strangers" démarre par l’énorme « Knockin’ At Your Back Door ». On y retrouve chaque élément de la formule listée plus haut. L’intro clavier/basse et le rythme enlevé nous entraîne sur 7 minutes dans un rock dynamique et enthousiasmant. L’autre hit est le célébrissime « Perfect Strangers », titre lourd et mystique, dominé par la ligne de clavier de Lord. Le chant de Gillan y est une fois de plus envoûtant et nous happe à chacune de ses interventions.
D’autres titres, n’ayant pas tous eu l’occasion de briller en live, sont tout aussi méritants. « Under The Gun » est un rock très énervé et inspiré sur lequel Blackmore maltraite sa Fender comme à l’époque d’ "In Rock". Le riff de « Nobody‘s Home » rappelle fortement « Lay Down Stay Down » mais, plus calme, il renforce son efficacité. Le néoclassique « Gypsy’s Kiss » nous replonge dans la période bénie des « Highway Star » et « Wasted Sunset », « We All Came Out To Montreux » résonne de nouveau dans un « Hungry Daze » autobiographique, qui possède, avec son riff de clavier une gravité à la « Battle Rages On ». Seul « Mean Streak » semble passer un peu à côté avec un style assez différent des habitudes du groupe.
Vous l'aurez compris, vous avez affaire à un album tout bonnement indispensable dans la longue carrière de Deep Purple. D'autant que côté bonus, le groupe a ajouté un « Not Responsible » nerveux et sombre et un « Son Of Aleric » dantesque, sorte de jam instrumentale de 10 minutes, toute en feeling, faisant la part belle aux jeux de Blackmore et Paice. Ce titre est un grand moment musical, à ranger pas loin d’un « Child In Time », pour peu que l’on y adhère. Incontournable !