Joies de l'amateurisme (au sens purement pécuniaire du terme et si justement souligné par leur nom de scène !) musical, Il aura fallu presque cinq ans à nos singes auvergnats pour donner naissance à leur troisième rejeton, successeur d'une Vie de Rose certes tardivement découverte, mais plutôt appréciée dans nos colonnes. A l'époque, votre serviteur exhortait le groupe à s'engager dans une voix légèrement plus ambitieuse en terme de développement musical, jouant de la proximité géographique de leurs quasi-voisins de Nemo pour les inciter à prendre des chemins un petit peu moins balisés. Alors ces messieurs auraient-ils suivi ce conseil (ou plutôt ce souhait, n'ayant aucune prétention à m'ériger en donneur de leçon …) pour changer de voie, mais non pas de voix ?
Ironie de la chose, le thème de la plage d'ouverture de Saison 3 reprend justement cette interrogation… Probablement pas sur le plan musical mais bon … Ce qui frappe surtout dans Ma Voix, c'est la formidable énergie qui se dégage du morceau : les guitares s'avèrent tranchantes, la section rythmique efficace et la voix de Philippe Glayat vient se poser tout naturellement sur des alternances de murs sonores et de respirations. Une plage idéale pour ouvrir les hostilités.
Comme dans tout l'album, les textes s'avèrent savoureux, tour à tour revendicatifs (la malbouffe – Chicken Running -, le dopage – Anna Bau - ou encore les Marchands de Sommeil) ou, tout en gardant un sens de l'ironie et du jeu de mot qui tue, plus profonds (hommage à Rosa Parks et à Martin Luther King dont le début du discours est repris en préambule du titre), à tel point que leurs auteurs ont mis un lexique en ligne pour mieux les appréhender. Petite nouveauté, l'usage de l'anglais sur deux titres, dont la traduction est une nouvelle fois fournie sur le site du groupe… Pas franchement la meilleure trouvaille de l'album à mon sens car les titres ne sonnent vraiment pas bien dans cette langue et, au vu de la traduction, les textes français auraient vraiment mérité toute leur place sur l'album.
Retour à la musique, et aux neuf plages qui vont suivre, reprenant avec bonheur les ingrédients distillés dès l'entame. La texture sonore est naturellement dominée par les deux guitares, avec toujours cette alternance de saillies très électriques et de passages plus délicats. Je regretterai pour ma part une certaine monotonie dans leurs sonorités, mais cela n'enlève rien au plaisir d'écoute de titres bien carrossés. En effet, à l'image d'un Saga, Monnaie de Singe propose régulièrement des ponts instrumentaux qui viennent placer leurs compositions un cran au-dessus des sempiternelles rengaines radiophoniques. Le tout sonne très très rock, et fera sans problème se lever les postérieurs langoureusement avachis dans le canapé placé en face des enceintes.
On retiendra plus particulièrement dans la liste le très réussi Marchand de Sommeil, le dynamique Chicken Running, et le très beau Le Doute m'assaille qui vient conclure en beauté les 50 minutes de cet excellent album de rock. Certes, nous pourrons toujours chipoter en arguant que la production n'est pas encore des meilleures - mais certains professionnels ne font pas mieux malgré des moyens sans commune mesure - ou qu'un ou deux titres s'avèrent un peu plus faibles (Just a Song par exemple), mais cela ne suffira pas à détourner l'auditeur de cet album.
Sans tenir compte de mes suppliques précédentes (mais je ne leur en veux en aucune façon), les M.D.S. nous proposent un troisième album de très bonne facture, prouvant que l'on peut faire du bon rock dans notre pays. Il ne reste plus au lecteur qui aura eu la force d'aller jusqu'au bout de cette chronique qu'à encourager nos amis à ne pas prendre autant de temps avant de nous préparer un Tome 4. Et pour cela, une seule chose : composer le 3637 … euh non, commander cet album proposé à un prix vraiment modique !