Daniel Peroine est le spécialiste français du tapping à huit doigts et fait profiter de son savoir faire en tant que professeur dans diverses écoles de musiques dont la prestigieuse MAI de Nancy. Membre de plusieurs formations dans le métal progressif ou la fusion, Daniel s’affirme maintenant en solo accompagné d’une seule section rythmique et c’est son nouvel album que nous avons le plaisir de disséquer pour vous. Renovatio est un album instrumental de guitare dans lequel Daniel nous offre toute l’étendue de sa technique et de son inspiration.
Le tapping à huit doigts est une technique très délicate car contre nature pour un guitariste. En effet, la main gauche et la main droite agissent toutes les deux sur le manche dans un mouvement symétrique et donne l’effet d’une fluidité à la croisée du picking, du legato et du tapping classique. Les spécialistes de cette technique sont peu nombreux, on citera Jennifer Batten ou Stanley Jordan. Daniel a enregistré son album en compagnie d’un batteur, Olivier Baldissera et d’un bassiste, Philippe Chevalot.
Dès le premier titre, "Las Palmas Street" le toucher de Peroine fait mouche. C’est du reste un des points positifs du disque, à savoir que l’enregistrement laisse entendre l’expression des doigts sur la touche en laissant ressortir une certaine fragilité dans le jeu du Français. Contrairement à beaucoup de guitaristes de métal avec lesquels les attaques sont nerveuses, Daniel Peroine laisse les bends s’exprimer avec légèreté et son doigté serait à mettre du côté d’un Jeff Beck plutôt que d’un Nuno Bettencourt. Cette fluidité tient aussi au fait que notre guitariste est un maître du tapping à huit doigts, technique utilisée avec intelligence tout au long de l’album et pas simplement lors des chorus. Pour exemple le thème très mélodieux de "Las Palmas Street" est joué avec cette technique.
On retrouve l’influence de Satch dans quelques morceaux, notamment sur "J-Funk" dont la rythmique initiale rappelle celle de "War". Daniel Peroine explore les recoins du rock avec de belles idées, que se soient les arpèges sons clairs de "Some Words From LA" et "The Game", les phases néo-classiques de "J-Funk" ou les mid-tempos à la Jan Cyrka ("Chapitre XX").
Le groupe est parfaitement rodé, laissant toute sa place à une certaine évidence dans le déroulement des morceaux. Le bassiste et le batteur ont quand même droit à leur petite intervention soliste dans le premier morceau. La production, si elle n’est pas parfaite, rend au moins un grand service à l’auditeur qui pourra se réjouir d’entendre le toucher du français.
En résumé, ce Renovatio est un bon album de guitare qui saura trouver son public parmi les amateurs de musicalité et classe guitaristique. Sans proposer un déferlement de notes, Peroine utilise sa technique très complète dans le seul but de mettre en avant la mélodie. Renovatio s’apprivoise avec facilité sur une bonne moitié de l’album, avec un peu plus de patience sur l’autre moitié, et demeure une promesse pour de nombreuses heures d’écoute.