Une des recettes courantes dans le métal symphonique se résume à deux ingrédients principaux : un chef multi-instrumentiste (Yves Vermeersch) et une chanteuse lyrique (Sylvie Boisieux). L'équipe de base étant composée, il est alors de coutume de leur adjoindre les services de musiciens ayant les mêmes goûts, en l'occurence Jan S. Eckert à la basse et au chant ainsi que Jeroen Simons (ex-Epica) à la batterie. Et enfin pour pimenter et varier quelque peu les plaisirs, vous invitez Heather Shockley, chanteuse et danseuse de son état. Rien de bien original à l'horizon donc, sauf qu'ici nos cuistots sont Belges (ce qui est assez rare pour être remarqué), de Leuven en néerlandais ou Louvain en français si vous préférez ; hé oui en Belgique on a encore le choix, pour l'instant...
Que nous ont donc concocté nos deux coqs ? (sans préférence communautaire je vous assure, mes concitoyens se reconnaitront). Eh bien une galette bien remplie... - trop peut-être - avec une heure de musique répartie sur 11 plages. Et cela débute bien avec "Ascension", petite mise en bouche qui nous met de suite dans l'ambiance métallique et symphonique. Jeroen Simons fait ensuite son entrée par la grande porte sur "Liar". Je ne démentirai pas, il sait taper fort. Par contre Eckert passe à mon goût un peu à côté de son sujet, son chant trahissant de suite ses limites dans ce registre.
"Broken Dreams" démarre de manière plus inattendue et évoluera bien au long de ses 5 minutes 40. Il est suivi de "Forever Angel", la ballade métal de l'album sur laquelle le chant de Sylvie prend de l'assurance. Celui de Eckert y est toujours aussi caractéristique mais mieux calibré, plus en phase avec celui de notre hôtesse du jour, tout cela étant toujours musicalement bien enrobé.
Machiavel (autre groupe belge de rock, le plus grand à mes yeux) a sans doute quelque peu influencé les 30 premières secondes de "Journey Of Sacrifice" dont le début se fait plus rock que métal avant que Heather ne donne de la voix. Ca redémarre brut de chez brut et les deux demoiselles font la paire... Champagne ! Coup de boulet (si si ça existe), clavecin, et voilà "The Pirate". Tout le monde y va de bon coeur, le chant lyrique de Sylvie s'y trouve mis en valeur. Pour la suite du menu, passée la moitié de l'album, on aurait pu espérer un petit rafraichissement avant d'attaquer la deuxième partie. Et là c'est le trou et rien de normand, malheureusement.
"Between Darkness & Light", hormis un petit solo de guitare pour nous sortir de notre torpeur, et "Masquerade", sentent un peu le réchauffé de chez Tricatel. Heather Shockley viendra bien mettre la main à la pâte mais on s'embourbe dans le ventre mou de l'album. Et ce sont quand même près de 12 minutes qui viennent de s'écouler. "Legacy" sera quant à lui un peu plus digeste, plus formaté rock alors que "Devil Incarnated" remet un peu l'église au milieu du village, si j'ose dire. Nous terminerons par le dessert ou le fromage, ou pourquoi pas les deux, mais alors un seul morceau, "First Cry", épopée qu'affectionnerait Lucassen d'Ayreon. On y entend même Sylvie chanter en français, un peu la cerise sur le gâteau ou, dans un autre registre, mon irish coffee.
Certains morceaux auraient sans doute mérité une préparation plus longue, d'autres de ne pas être sur le menu ; la sauce ne prend pas toujours. Ce ne sera certainement pas un macaron au Michelin cette fois-ci, mais une première annotation dans le Routard me paraît jusitifée. Et c'est du belge, donc COCORICO ! Promis, je ne le ferai plus...