Orden Ogan sort du silence discographique depuis "Vale", album sorti en 2008, dont les critiques furent généralement positives. Il est important de préciser que cette formation allemande, originaire plus précisément de Rhénanie, a vu le jour en 1996. Même si le rythme des livraisons est quasiment revenu à la normale depuis 2004, Orden Ogan n’en est pas pour autant une formation complètement inconnue des fans de métal "made in Germany".
En effet "Easton Hope", troisième opus du nom, risque bien de faire enfin basculer ces valeureux chevaliers sur les versants de la reconnaissance internationale. Et pour cause, avec entre autre une signature chez AFM, Orden Ogan fait preuve de dispositions très convaincantes à l’écoute attentive de cette nouvelle galette. Tout d’abord au niveau de la production, marque de fabrique essentielle à tout combo allemand qui se respecte, "Easton Hope" répondra sans difficultés aux exigences d’un métal mélodique puissant et sculptural.
En un peu plus d’une heure et par l’entremise de onze titres, Orden Ogan délivre ce qu’il sait faire de mieux. L’expérience aidant, le combo germanique estampile les morceaux, généralement assez longs d’ailleurs, avec entrain et précision. Les refrains chantés en chœurs, presque de manière "grégorienne", insufflent un côté symphonique qui prend largement le pas sur l’aspect plus "folk" auquel ce groupe nous avait plus habitués à ses débuts. Cependant, une certaine intelligence dans la manière de composer saute immédiatement aux oreilles. En effet, une fois l’introduction passée, une véritable avalanche de riffs déferle dès le début de "Nobody Leaves". Ce titre a vraisemblablement toutes ses chances pour ouvrir les futurs concerts d’Orden Ogan qui sera par ailleurs présent au Wacken 2010. L’aspect symphonique repart de plus belle sous les intonations solennelles des notes de claviers annonçant " Goodbye", toujours sous la haute bienveillance de guitares hargneuses et incisives. Le riff imposant du titre éponyme rappelle à quel point Orden Ogan sait faire rimer "heavy" et mélodie.
Et c’est bien là un des points forts qui ne fait jamais défaut sur "Easton Hope". Autre fait important, les cinq musiciens parviennent même à puiser leur inspiration dans le métal progressif, à l’image de morceaux imposants en structures alambiqués comme "Nothing Remains" ou "Of Downfall And Decline". Même l’imagerie pirate, largement utilisée par leurs compatriotes de Running Wild et dont le soliste vient prêter main forte, est ici mise à profit pour illustrer le thème de "We Are Pirates", comme son l’indique sans la moindre ambiguïté. Cette longue pièce passe en revue toutes les qualités musicales dont Orden Ogan se fait le forgeron, en se servant d'un petit break d’accordéon aux accents "Irish Pub" entre les fulgurances des guitares et l’aplomb du refrain idéalement taillé pour la scène. A côté de la puissance dégagée par ce titre, "Requiem" se ferait presque dispensable.
"Easton Hope" impose donc la marque d’un grand groupe, même si les influences très bien assimilées au demeurant, sont tout de même omniprésentes. La principale repose sur un autre groupe allemand bien plus connu qu’Orden Ogan, à savoir Blind Guardian. Mais d’autres illustres formations font peser tout le poids de leur renommée sur les compositions de cet album, comme Helloween ou les suscités Running Wild. Cependant, de là à affirmer qu’Orden Ogan doit se forger beaucoup plus de personnalité pour rivaliser avec ces groupes géniteurs, il y a un seuil à ne pas franchir. Le mieux est de se plonger sans plus attendre dans les frasques métalliques qu’ "Easton Hope" déverse avec beaucoup de talent et d’à propos. Bien plus qu’un simple ersatz, ce nouvel album d’Orden Ogan contient largement de quoi combler et émouvoir les adeptes du métal mélodique.