20 années entre le premier opus et son clone, tout juste 6 pour le troisième du nom, sans parler ici des nombreux "samples" disséminés de ci de là dans ses autres œuvres … L'obsession des cloches tubulaires continue de poursuivre Mike Oldfield et, en cette fin de millénaire, alors que l'artiste multi-forme refait sa vie dans la douceur d'Ibiza, voilà que nous arrive de façon plutôt inattendue une troisième déclinaison du thème qui fait aujourd'hui encore sa renommée.
Mais là où TB II nous proposait une nouvelle lecture de l'aventure entamée deux décennies auparavant en restant très fidèle à la trame initiale de l'œuvre, ce nouvel album s'affranchit allègrement des codes jadis posés. Certes, les 6 premiers titres enchaînés rappelleront plus ou moins le Tubular Bells part one d'antan : le thème et la rythmique de The Source of Secrets présentent ainsi un lien de parenté plus qu'évident avec le thème original, The Watchful Eye ou encore Outcast et sa guitare furieuse rappelleront bien les thèmes imaginés 36 ans plus tôt, et l'agencement de cette "première partie" reprend finalement une partie du scénario initial.
Ce qui change en revanche du tout au tout, c'est la modernité du propos. Sans doute influencé par son environnement à tendance clubbique, Mike Oldfield met le doigt dans la techno et les rythmiques électroniques destinées à faire danser toute la nuit. Certes, cette nouvelle orientation ne concerne que 2 plages de l'album mais ce sont celles qui portent le thème mythique, et sont forcément les plus remarquées ! Et puisque l'environnement inspire forcément le musicien qui compose, notre homme va rendre hommage à l'Espagne qui l'accueille avec le très réussi Serpent Dream, dans lequel il nous démontre encore une fois tout son talent de guitariste.
Et puis, passé un The Inner Child aux vocalises magnifiques concluant cette première partie, et qui aurait eu toute sa place sur The Songs of Distant Earth, tel un Ovni en provenance de la Lune, Ladies and Gentlemen, let me introduce … MOONLIGHT SHADOW … Euh pardon, c'est plutôt Man in The Rain, sorte de Moonlight Shadow part II, avec la sublime Cara Dillon au chant. Titre pas original pour un sou, calqué note pour note (ou presque) sur son ainé de 15 ans, mais tellement bien fait qu'on se laisse prendre au jeu. Ce titre n'aura cependant pas le même succès commercial que l'original et pourtant…
Retour ensuite aux affaires courantes, avec une deuxième partie plus décousue et rapidement évacuée en deux titres, avant de laisser place à un final dantesque. Le retour de la techno tout d'abord, avec Secrets, qui reprend le thème de la première plage, tandis qu'en sourdine court un des thèmes originaux de Tubular Bells I. Lente montée en puissance de ce titre technoïde rehaussé par la guitare du Maître, avant d'aboutir à l'arrivée tant attendue des cloches, les seules, les véritables, qui après une sympathique introduction récitée par un des fils de Mike Oldfield, finissent par exploser dans Far Above the Clouds, scotchant les oreilles de l'auditeur pour un final de toute beauté.
Album très controversé lors de sa sortie (et encore aujourd'hui parmi les fans de Mike Oldfield), en raison notamment d'un parti-pris de modernité assumé mais néanmoins déroutant, Tubular Bells III reste pourtant un de mes albums préférés de l'ère moderne du maestro. A condition de ne pas s'attendre à écouter Ommadawn II, il procurera de nombreux moments de plaisir intense à l'auditeur. Quant à moi, je m'en vais coller une bonne note à cet album, et tant pis pour ceux que cela choquera.