Ceux qui connaissent bien Six Feet Under ne seront pas surpris que le groupe floridien débarque de nouveau avec un album de reprises. Les Américains de SFU sont coutumiers de cet exercice de style. En effet, depuis son album "Warpath", le groupe a pris l’habitude d’émailler sa production discographique de quelques reprises. SFU s’est même fait une spécialité de l’album uniquement composé de covers funèbrement intitulé "Graveyard Classics".
Contrairement au volume 2 qui était la reprise intégrale de l’album "Back In Black" d’AC/DC, ce troisième volume des "Graveyard Classics", tout comme la première mouture, propose 10 reprises de différents groupes. Si écrire une chronique fait toujours appel à une part plus ou moins grande d’inconsciente subjectivité, l’appréciation d’un album de reprises est quant à lui un exercice de style purement subjectif tant il dépend de plusieurs facteurs et de la façon de chacun d‘appréhender un album de covers.
Il y a d’abord le choix des morceaux repris. Ils seront d’autant plus appréciés par l’auditeur que celui-ci en connaît la version originale. Et de cette dernière, chacun appréciera d’en avoir une copie plus ou moins conforme. S'adonner à la reprise est un exercice délicat, car il faut généralement trouver le bon dosage, savoir s'éloigner quelque peu de la première version sans trop la défigurer. En ce qui concerne le choix des reprises, ce "Graveyard Classics 3", propose allègrement des titres heavy (Mercyful Fate, Twisted Sister) avec des pièces plus thrash (Metallica, Anvil, Slayer), avec même une reprise de Prong. Cette diversité, certes relative, des genres abordés constitue le grand point positif de cette compilation.
Par contre, on pourra reprocher à SFU de donner dans des versions un peu trop proches des originales ce qui limite franchement l’intérêt de ces reprises. Le groupe a terriblement soigné sa production et le tout paraît un peu trop léché. Et ce n’est pas vraiment ce qu’on attend de SFU. Au moins la première version des "Graveyard Classics" avait un son sentant bon la putréfaction. La guitare et la basse se révélaient délectueusement marécageuses. Le volume 1 possédait ce petit parfum excitant de morbidité qui donnait un intérêt particulier aux titres repris. Ces derniers revêtaient alors leur meilleurs atours zombifiant. Malheureusement, cette fois-ci, les titres ne valent vraiment le détour que pour retrouver la voix de Chris Barnes. Il ne faut donc se contenter ici que d’une petite exhalaison de pestilence.
Alors oui, le tout est bien fait et s'écoute sans réel déplaisir, mais cela manque sérieusement de caractère, surtout par rapport aux deux premiers volumes. Cette troisième offrande des "Graveyard Classics" est bien trop propre pour réellement susciter un grand intérêt et ne s’adresse en définitif qu’aux ultra inconditionnels du groupe. Pour les autres et les néophytes, je vous conseille plutôt le volume 1, bien mieux à plein d’égards et surtout pour son doux et vrai parfum de re-dé-composition.