En matière de compilations, s'il est bien un artiste prolixe, c'est Mike Oldfield. Outre Episodes, Elements (en version simple et en version coffret), The Collection et XXV, The Complete sort en 1985. S'il s'agit bien d'une compilation, sa conception est tout de même originale dans le sens où elle propose de découvrir sur chacune des 4 faces la composant (on en est encore au vinyl, n'oublions pas) les diverses facettes du compositeur : l'instrumental, le vocal, le complexe (dixit le livret) et le live.
C'est pour cette raison qu'il s'agit certainement de la compilation à se procurer pour découvrir cet artiste, pour peu que l'on tienne vraiment à le découvrir par ce biais.
Mais qu'en est-il réellement du contenu ?
Mis à part l'intérêt de couvrir tous les domaines d'activité de Mike Oldfield, il est assez clair que cet album est assez dispensable. Pour résumer le sentiment qu'il dégage, disons que The Complete perdra tout son attrait si vous devenez un fan et que vous risquez de rapidement vous en lasser si le style même ne vous attire pas assez pour vouloir en savoir plus.
La première des quatre sections de ce double propose donc, pour commencer, de se pencher sur les instrumentaux qui ont jalonné les quinze premières années de la carrière de l'anglais. On reconnaîtra ainsi "The Arrival", air traditionnel déjà repris quelques années plus tôt par les suédois d'Abba, "Portsmouth", autre air traditionnel connu mondialement, en partie cette fois grâce à Mike Oldfield, et une réinterprétation de l'ouverture de Guillaume Tell (de Rossini, pour ceux d'entre vous qui auraient besoin de réviser leurs classiques) beaucoup moins amusante que celle proposée par Spike Jones quelques dizaines d'années plus tôt. Quelques morceaux personnels d'un niveau relativement moyen n'aideront pas à regretter l'arrivée de la section vocale.
Celle-ci est encore plus décevante dans le sens où cet aspect des compositions de Mike Oldfield n'a jamais rien apporté à la musique en général. En effet, sous leur côté plaisant, il est clairement autorisé de se demander ce qu'un "Moonlight Shadow" ou un "To France" a de si particulier lui permettant de se différencier des multiples compositions pop des années 80's. Alors certes, la musique est jolie (au sens péjoratif du terme), on passe un bon moment mais on n'a pas sincèrement envie d'y revenir.
Quant aux deux dernières sections, on en ressort tout autant déçu : les extraits des œuvres-phares de Mike Oldfield perdent tout leur sens car l'intérêt de ces œuvres est justement dans leur incapacité à être disséquées, et la section live souffre d'une production très palote par rapport à la qualité de l'unique live officiel et d'un niveau moyen des prestations sur scène.
Mike Oldfield a fait du très bon et du très mauvais et c'est peut-être pour cela que l'écoute d'une de ses nombreuses compilations n'est jamais un réel bonheur.
Vous avez envie de découvrir Mike Oldfield ? Si vous le pouvez, commencez plutôt par jeter votre dévolu sur Tubular Bells, Ommadawn et Amarok et vous découvrirez alors le vrai Mike Oldfield. The Complete, quant à lui, ne fera qu'affirmer un peu plus l'image négative que beaucoup de mélomanes ont déjà du personnage.