Moins d’un an après le burné « Balls To The Wall » qui valait son pesant de cacahuètes, Udo et sa bande remettent le couvert et rentrent à nouveau dans les Dierks studios. Mais cette fois, c’est Dieter « Scorpions » Dierks, himself qui est à la console. Si Accept a peaufiné son style et son son avec « Balls To The Wall », ses ambitions restent énormes. Son objectif, c'est la conquête du marché américain, autel sur lequel se sont pourtant déjà éventrés pas mal de groupes européens.
L’album s’ouvre avec la plage titulaire, « Metal Heart » qui incorpore les différents éléments ayant participé au succès d’Accept : doubles guitares acérées, choeurs puissants et virils, voix éraillée faussement détachée, rythmique pesante mais mélodie accrocheuse. Dans sa recherche d‘accessibilité, Accept va combiner à ces élément quelques lignes tirées de la musique classique. Rien d’original, d’autres l’ont fait avant ( comme Blackmore dans « Difficult To Cure »), mais Accept poussera le bouchon plus loin en y intégrant intelligemment deux pièces classiques, la « Marche Slave » de Tchaïkovski (principalement en intro) et la « Lettre à Elise » de Beethoven en solo de guitare (questions pour spécialistes : mais « Who The F**K is Elise » ?). Ça paraît simple sur le papier et ça fonctionne... C’est donc du génie ! C’est en tout cas un hymne terriblement efficace qui animera ensuite tous les concerts d’Accept. La suite de l’album est hélas un peu plus inégale pour le fan exigeant.
Car ménager la chèvre et le chou n’a jamais été facile. Et satisfaire les fidèles du premier jour ou même de l’album précédent tout en faisant les yeux doux au très grand public américain n’est pas évident. Accept va donc alterner quelques titres aux allures trop propres (« Midnight Mover ») et, soupirs de soulagement, une poignée d’autres plus classiques (« To High To Get It Right », « Bound To Fail », ou encore le tout bon « Dogs on Leads » qui assure par ses soli de manche et sa rythmique hypnotisante).
L’exemple type du titre « main tendue » vers les States c’est « Screaming For A Love-Bite ». Le riff et la rythmique sont calqués sur le « Jump » de Van Halen, succès phénoménal sorti l’année précédente (sur l’album 1984). Ce n’est pas complètement raté, mais il ne connaîtra pas le même succès, loin de là.
Il y a aussi quelques tueries, comme le classique « Up To The Limit » ou « Living For Tonite » et ses gémissements de plaisir. Mais juste avant ce dernier, comme pour nous ennuyer, Accept prendra encore le temps de caser une petite catastrophe, « Teach Us To Survive », aux sonorités bébêtes à faire friser l'infarctus métallique.
Un album inégal donc, en tout cas peu homogène, avec lequel Accept aura tenté de lancer des perches vers un public plus étendu. Ce sera une réussite à défaut d’être le succès planétaire escompté. L’amateur de la première heure fera sans doute un peu la fine bouche et il aura tort, car Accept était avec cette production à son apogée...