3 ans après la sortie de « Dimensions », les allemands de Freedom Call présentent avec « Legend Of The Shadowking », leur 6ème album. Naguère grand espoir de la scène speed métal mélodique, Freedom Call n’a jamais su transformer un début de carrière intéressant. En effet depuis 2005 et la sortie de Circle Of Life, le groupe a du mal à trouver un second souffle. Il est victime à la fois de la fin de la mode et aussi d’une certaine baisse d’inspiration et il souffre surtout d’une image de groupe trop propre et naïf.
L’inspiration de ce nouvel effort est sans surprise. Freedom Call a conservé sa base speed métal mélodique caractérisée par la voix toujours aussi mélodieuse et accrocheuse de Chris Bay. Cependant, grâce au développement de son histoire – La vie de Louis II de Bavière et ses rapports avec Wagner - il propose des titres et des ambiances plus sombres qui vont permettre de percevoir le groupe sous un nouvel angle.
Des 14 titres de cet album se dégagent certaine profondeur, caractéristique complètement absente des derniers opus. Le disque se découpe en fait en trois parties : la première reste assez classique de la musique du groupe mais se veut très efficace avec notamment un « Out of the Ruins » rapide et mélodique, un peu dans l’esprit d’un Edguy, contenant pas mal de chœurs. Si le ton est toujours gai et enjoué, il évite le côté infantile un peu trop développé ces dernières années chez Freedom Call. Ainsi, de « Thunder God » et sa musique très typée heavy métal à « Tears of Babylon » et ses chœurs épiques en passant par le rapide et mélodique « Resurrection Day », il n’y a pas grand-chose à redire sur la qualité des titres.
C’est sur la deuxième partie, en à peine trois titres, que le groupe trouve un ton et une force qu’on ne lui connaissait pas. A partir « d’Under The Speel of the Moon » l’atmosphère se fait nettement plus sombre et intimiste. Cette chanson est d’ailleurs une très belle réussite avec un Bay qui pose un chant très grave et profond sur une musique plus lente présentant quelques relents assez pop. « Dark Obsession » confirme cette impression avec ses airs assez gothiques, impression renforcée par de belles parties de piano et des vocaux féminins bien placés. Le ton saccadé sur les couplets donne une grande force au titre. Enfin « The Darkness » achève de nous convaincre des bonnes dispositions de cet album avec son air général bien heavy et surtout une ambiance générale qui nous entraine corps et âme dans l’histoire contée.
La dernière partie est un retour aux sources avec une musique plus speed mélodique classique mais une fois de plus illuminée de moments de bravoure et de classe, sans temps morts ni remplissage. On en gardera les belles interludes, « Ludwig II » et « Merlin Requiem », qui en à peine plus de deux minutes apportent une grande force à la narration avec un chant grave sur la première et mélodique sur la deuxième secondé par une musique sombre et acoustique.
« Legend Of The Shadowking » est donc une belle réussite de la part des allemands, réussite assez inespérée après tant d’années de disette. En prenant des risques et en sortant un peu des sentiers battus, Freedom Call prouve que l’on peut encore avoir des choses à dire dans la scène speed mélodique et propose avec cet album l’un de ses meilleurs disques, loin devant la concurrence actuelle du genre.