Chers amis, bienvenue à ce petit cours de cuisine musicale ! Sortez les tabliers, préparez les casseroles, faites préchauffer vos enceintes, la recette du jour se nomme le Goddamn Planet, cuisiné par le chef Contracrash. D’origine allemande et officiant aux fourneaux depuis 2004, c’est la première fois que notre homme aux 4 visages se lance dans une recette longue après 3 essais parus sous le format EP.
Passons à la liste des ingrédients dont nous aurons besoin. Prenons une bonne louche de riffs lourds et gras, en vente chez tous les Zakk Wylde en herbe ou autres fournisseurs en post-grunge. Ajoutons à cela une belle dose d’influences néo et de vocaux éraillés pour le dynamisme, un article que l’on trouvera également chez bon nombre de groupes hard-FM mais qui fait toujours son petit effet lorsqu’il est bien pesé. Pour parfaire la recette, introduisons au mélange une grosse gousse de mélodie liquide à la Bon Jovi, la guitare acoustique à l’appui. Vous avez tout ? Parfait, débutons désormais le mélange.
Si vous perdez vos repères à un moment ou l’autre de cette préparation, souvenez-vous que notre recette du jour s’inscrit dans la longue lignée de groupes métal abordables, sensés réaliser des hits imparables comme vous des colliers de nouilles à la maternelle. L’opération est toujours la même, toujours simple, directe, et se révèle théoriquement un franc succès tant auprès des apprentis métalleux en baggies que des midinettes en quête de musique violente mais de chanteurs mignons.
Reprenons : nous attaquons par une introduction parfaitement inutile mais qui permettra à chaque membre du groupe d’accorder son instrument. Nous embrayons donc rapidement sur le premier titre donnant son nom à l’album et savourons l’assaisonnement à base de grosses guitares et refrain téléphoné. Un p’tit solo, un pont qui tente de redynamiser un peu l’ensemble et une reprise du refrain jusqu’à l’épuisement. Fin de l’ouverture d’une recette qui vous paraît déjà bien éculée, mais à laquelle on laisserait bien sa chance encore 5 minutes.
Nous poursuivons donc et la pate durcit en baissant de tonalité mais pas d’intensité : belle agressivité vocale, composition et solo efficaces, refrains presque imparables, le résultat est là pour « Where The Wind Blows » et « Never Found ». C’est alors à « Open Your Eyes », première des 2 ballades présentes dans notre mélange, de venir chatouiller nos papilles avec son bon goût sucré. Bon Jovesque jusqu’à la moelle, et terriblement efficace pour peu qu’on se laisse prendre au jeu, elle parvient à faire mouche.
Et maintenant ? Eh bien maintenant on recommence tout 2 fois ! « ‘Cause Of You » plus hard que métal joue le « Goddamn Planet » avec une belle conviction, « Dead Fish Motherfucker » évolue dans les mêmes eaux que « Where The Wind Blows », « Trust » fait écho à « Open Your Eyes »… etc. Il n’y a jamais de copie à proprement parler, mais les morceaux s’enchaînent sans réelle surprise malgré une jolie maîtrise. Mis à part un chant un peu faible en anglais et en densité, on aura en effet bien du mal à faire un vrai reproche à ce plat somme toute conséquent et pas dénué de saveurs.
En conclusion chers apprentis métalleux, nous avons sous les yeux un exemple type de ce qui séparera toujours le travail d’un grand chef de celui d’un excellent amateur, à savoir cette petite étincelle de génie, ce petit plus gustatif qui rend l’assemblage des mêmes ingrédients tour à tour banal ou différent. Contracrash est un excellent amateur et mérite qu’on se penche sur son effort. Souhaitons lui donc de parvenir à trouver son propre ingrédient secret dans un avenir proche.