Les normands de HEADCHARGER nous reviennent avec un troisième album qui ne déroge pas au style établi avec leur deux premiers opus, à savoir un Hardcore des plus agressifs.
Dès le premier morceau le décor est planté avec une musique bien bourrine qui s’appuie sur des guitares au son bien gras et crade et sur un chant éructé avec conviction. Malheureusement, les morceaux défilent sans susciter un intérêt débordant. Ceux-ci ne sont pas mauvais, même pas désagréables, ils sont simplement un peu quelconques.
Et puis à partir de la doublette « Breathe In » / « Breathe Out » les choses changent. L’intro à la guitare sèche annonce un morceau bien plus en place et bien plus efficace que ses devanciers, du fait notamment d’un bien meilleur équilibre entre mélodie et brutalité. Et les bonnes surprises ne font que commencer. Suit en effet, « Harvey Keitel’s Syndrom », un mid tempo faisant office de respiration qui intervient judicieusement et qui confirme le changement d'état d’esprit du disque. « Would You » avec son harmonica très Southern poursuit dans cette direction en apportant son lot de diversité grâce à son rythme Boogie. Si la thématique est toujours à la brutalité, les formes que prennent celle-ci se font bien plus variées et intéressantes.
Et même lorsque les hostilités reprennent réellement, à partir de « 1000 Tides », c’est de la plus belle manière qui soit. Ainsi ce titre est entrainant au diable et surtout doté de très belles lignes de chant. Sans sombrer dans la démonstration vocale, Seb (chant) se montre très habile pour ce qui est de doser puissance et mélodie. La violence monte encore d’un cran avec le brutal « The Invention Of Solitude ». Si ce n’est un break « Rock ‘n Roll » du meilleur effet, ce titre ne fait vraiment dans la fioriture.
« The Gambler » et « Be My Betty Page » confirment les bonnes dispositions du groupe en s’avérant être de redoutables morceaux regorgeant de riffs bien pesants qui donnent une sensibilité « Stoner » à la musique de HEADCHARGER. Toute la fin de l’album est marquée du même sceau de la réussite, à l’exception de « Something Someone » qui est massacré par un son désolant (bruissements, sautes de son, variations de volume…). Cela est bien dommage car ce morceau représente une autre tentative d’ouverture du groupe, une sorte de croisement entre DEPECHE MODE, MASTER OF REALITY et TOOL, qui avait tout pour être un des points d’orgues de ce disque.
Au final, nous avons là un album qui parvient à faire oublier le côté très dispensable de ses premiers morceaux et qui dévoile un groupe parvenu à concilier de très belle manière des sonorités et des structures très « Old school » et des ambiances variées. Les fans de Rock ‘N Roll très brutal devraient se régaler.