En 2011, Crematory fêtera ses 20 ans d'activisme musical. Et que de chemins parcourus depuis le début ! Enfin, à ce qu'il paraîtrait. Car je ne vais quand même pas vous leurrer en vous faisant croire que je connais parfaitement l'aventure musicale de ce groupe allemand. De fait, j'ai pris le train Crematory à partir de leur reformation en 2003 et leur album "Revolution" (le groupe s'est séparé en 2001 pour deux courtes années). Et encore, sans doute trop athé, je ne me suis même pas arrêté aux stations "Pray" (2008) et "Klagebilder" (2006).
C'est donc quelque peu les oreilles vierges que j'aborde sérieusement pour la seconde fois un disque de Crematory, groupe au nom sentant bon le death-métal. Pourtant, Crematory c'est tout autre chose. C’est la pratique d’un métal un peu trop vite qualifié de gothique, en tous cas un métal très mélodique. La recette appliquée par le groupe est la suivante : des compositions très soignées, riches de sons, avec des riffs de guitare bien rugueux enveloppés par des mélodies de synthés plus ou moins mises en avant, avec une alternance de chant death pour les couplets et de chant clair pour les refrains... Ou inversement.
Autant écrire que la musique sur cet "Infinity" sonne le déjà entendu et on pense évidemment à tous les groupes évoluant dans les mêmes sphères musicales du métal gothique. Mais force est de reconnaître que Crematory, fort de ses années de métier, connaît la musique. Et cet "Infinity" a vite fait de vous gagner à sa cause, car ce groupe allemand est passé maître dans la mélodie insidieusement enivrante avec pour preuve, les titres "Infinity" et "Sense Of Time", excellents cas d'école en la matière. On retiendra également la mélodie vocale plutôt charmante du refrain d’"Out Of Mind".
Mais Crematory c’est aussi et avant tout, une musique eclectique avec des touches de métal indus ou d’électro-métal comme en témoignent les titres "Never Look Back", avec ses couplets chantés en allemand, et "A Story About", ancré dans la grande tradition métal indus allemande. Entre titres énergiques comme les très bons "Where Are You Now" et "No One Knows", le groupe nous offre des titres un peu plus pausés comme "Auf Der Flucht" ou "Black Halo", ballade aux atours symphoniques.
Et puis cerise sur la gâteau, il y a cette cover véritablement réussie d’un titre dont l’original est déjà en lui-même magnifique : "Black Celebration" de Depeche Mode. Le choix est tout à fait judicieux et s'avère un des temps forts de cet "Infinity". D’ailleurs, le groupe ne s’y est pas trompé et communique largement sur cette reprise pour promouvoir ce nouvel album. Il est vrai qu'une très bonne cover avec une bonne promotion peut faire connaître un groupe. Et les exemples de formations qui sont sorties du néant grâce à une reprise ne manquent pas dans l'histoire de la musique.
Ce n'est pas à de vieux singes qu'on apprend à faire des grimaces et cet "Infinity" est tout simplement une belle réussite dans son genre. Il ne reste plus qu'à vous laisser séduire par les charmes de ce cocktail musical énergique et mélodique captivant.