Avec "Rocket Ride", Edguy présente déjà son 7ème album en à peine plus de 10 ans de carrière. Depuis ses débuts, le groupe a déjà connu beaucoup de hauts, participant en grande partie au retour au premier plan du speed métal mélodique, mais aussi quelques bas avec des albums un peu plus faibles, perdant de l’innocence des débuts. D'autre part, le style d'Edguy a évolué, perdant peu à peu sa face speed métal au profit d’un heavy métal mélodique plus posé. "Rocket Ride" va complètement confirmer cette tendance, déjà bien amorcée avec "Mandrake" et "Hellfire Club", même si ces derniers disques comportaient ici et là quelques pistes assez faibles et avaient un peu perdu l’esprit fun du groupe. A l’image de sa pochette délirante inspirée des bandes dessinées américaines, "Rocket Ride" va complètement retrouver cet esprit et surtout d’être d’une belle homogénéité.
En effet, cette nouvelle offrande est une excellente réussite, passionnante de bout en bout, dotée de plusieurs moments de bravoure, avec des refrains particulièrement mis à l’honneur et un sens de la mélodie imparable. Le tout évolue dans un très bon heavy FM qui colle parfaitement au groupe et à son vocaliste, Tobias Sammet, plus sobre dans sa manière de chanter et dont c’est une des meilleures performances. Il y a de tout dans ce disque très varié, à commencer par de longs morceaux à tiroirs et à ambiances, à la fois puissants, mélancoliques pas loin du progressif comme "Sacrifice" et "The Asylum". Le premier se paye le luxe d’ouvrir le disque, en lieu et place d’un titre rapide comme à l’accoutumé, avec sa belle introduction au piano. Le second, après un début aux allures de balade, s’avère très prenant et d’une belle puissance en particulier sur le refrain.
Le reste de l'album est composé en partie de titres plus Hard-Rock US, années 80 dans l’âme, comme "Wasted Time" et son introduction rappelant AC/DC avant que des riffs et des soli bien rock ne donnent une envie irrésistible de taper du pied comme savaient le faire Van Halen ou Mötley Crüe. Dans cette veine, nous citerons également "Fucking With Fire" ou" Catch Of The Century" avec des refrains imparables, un aspect fun et direct sans prises de tête, et des guitares encore dans un esprit bien Hard-Rock. Les titres plus speed restent également présents, comme "Rocket Ride", "Return To The Tribe" ou encore "Out Of Vogue". Edguy prouve qu’il est encore très à l’aise dans ce style, même s'il s'accorde quelques petites variétés. C'est le cas avec l’intro très Hard-Rock puis le break mélodique de "Rocket Ride", ou encore l’esprit très entraînant et fun de "Return To The Tribe", qui font que ces titres sont particulièrement plaisants à écouter en ne se prenant pas trop au sérieux. D’ailleurs, cette catégorie de titres plus funs n’a pas été oubliée. Il y a d’abord l’excellent "Trinidad" avec son ambiance tahitienne, ses chœurs féminins et ses paroles déjantées, puis le final de "Catch Of The Century" qui voit Sammet s’amuser comme un fou en studio, ou enfin, le très futuriste "Matrix" complètement décalé et qui est une belle réussite.
"Rocket Ride" est donc un excellent album et même sans doute l’un des tout meilleurs d’Edguy aux côtés de "Theater Of Salvation". Le groupe a su parfaitement mêler nombres d’influences, tout en s’adaptant complètement à un style plus heavy rock. Enfin, retrouver un Edguy plus fun et se prenant moins au sérieux est très sympathique. Espérons que cela dure longtemps et installe définitivement le groupe dans les grands de la scène métallique.