En cette fin de millénaire, et alors qu'il s'apprête à célébrer le changement tant attendu par toute la planète par une performance live à Berlin précédée de peu par la sortie d'un album spécialement conçu pour l'occasion (The Millenium Bell), Mike Oldfield s'offre une parenthèse en publiant un album plutôt singulier, hommage à son instrument de prédilection, puisque toutes, absolument toutes les sonorités présentes sur les 10 compositions de Guitars sont issues de … guitares ou samples de guitares, y-compris les percussions.
Exercice de style ? Besoin de s'accorder une parenthèse dans l'agitation frénétique qui secoue la planète ? Toujours est-il que cet album entièrement instrumental commence tout en douceur, avec un Muse à la guitare acoustique, sur lequel le Maître nous distille une de ces mélodies cristallines dont il a le secret. L'album se clôturera de la même façon, en douceur avec From the Ashes qui rappellera les fameuses faces B des 45T des années 70-80 (on pense ici par exemple à Afghan).
Et entre ces deux titres ? Si j'étais Monsieur Météo, je dirais alternance d'éclaircies et de passages nuageux teintés d'orage. Mike Oldfield nous ballade en effet entre les deux versants de son instrument, le côté acoustique classisant, et le volet électrique et ses sonorités reconnaissables entre mille, le tout au service de mélodies simples, malheureusement quelquefois répétitives.
Alors certes, comme dans toute œuvre du maestro, le passé ressurgit parfois. Non, je vous arrête tout de go, point de cloches tubulaires par ici. Par contre, une résurgence des guitares saturées d'Hergest Ridge vient titiller avec bonheur les oreilles sur la première partie du seul épic de l'album (Four Winds). Hélas, ce même titre est quelque peu terni par une dernière partie à la Ennio Morricone, pas très intéressante. Et cette alternance de chaud et froid va polluer la grande majorité de cet album... Pour un Out of Mind percutant à souhait, l'auditeur subira à l'inverse un Out of Sight interminable et soporifique.
Plus d'une décennie après sa sortie, je dois avouer que j'ai toujours du mal à poser un avis définitif sur cet album. Admiratif de la prouesse technique et de la qualité de réalisation de l'objet, je suis nettement moins enthousiaste quant à la valeur de ses compositions, qui nous l'avons dit, alternent le bon et le passable. La note sera donc du même tonneau : mi-figue, mi-raisin.