Si Rick SPRINGFIELD est relativement peu connu de ce côté ci de l’Atlantique, il est aux USA une vedette qui a écoulé plus de 20 millions d’albums et qui mène en parallèle une carrière d’acteur (principalement de série) couronnée de succès. Si l’on souhaitait faire un parallèle très hatif, il est un peu le pendant de Frank Michael pour les américains. Le label FRONTIERS, jamais à court de projets ambitieux, a décidé de changer la donne en ressortant plusieurs disques de cet homme, à commencer par ce « Venus In Overdrive », originalement paru en 2008, qui est accompagné d’un bonus (« Celebrate Youth) et d’un DVD reprenant un concert filmé en octobre 2006 à Rockford en Illinois. Rick SPRINGFIELD a su en outre s’entourer des bonnes personnes, en l’occurrence de Matt Bissonnette (ex David Lee Roth band), qui a participé de manière très active à l’écriture de cet album, qu’il coproduit par ailleurs.
Après plusieurs années consacrées principalement à faire l’acteur, et durant lesquelles il a essentiellement sorti des albums de reprises, Rick SPRINGFIELD revient, avec ce « Venus In Overdrive », à son style de prédilection, à savoir un Rock américain, mâtiné d'AOR. Mais si le genre est des plus convenus et pouvait laisser présager une énième ressucée, il se dégage tout de même de cet album une modernité et une fraîcheur de bon aloi. Il faut dire que celui-ci a été enregistré en seulement 32 jours et que l’on a le sentiment que la décontraction était au rendez-vous.
L’album débute de belle manière avec le single « What's Victoria's Secret » qui fut interprété pour la première fois en juillet 2008 dans un des épisodes de “General Hospital” (la série qui a fait découvrir SPRINGFIELD). Ce titre, bien qu’un peu conventionnel, est parfait pour ouvrir un disque ; énergique, catchy, et interprété avec force et conviction. Le chanteur s’y montre très à l’aise vocalement, ce qu’il confirme avec le second titre, « I'll Miss That Someday », dans laquelle il passe sans difficulté d’une voix angélique à une voix dans laquelle la colère transparait.
Au-delà de cette réjouissante entame, le disque contient de bons morceaux qui bénéficient tous d’un son très contemporain. Parmi ceux-ci ont peut citer, l’excellent « Mr.PC » ainsi que le très Rock « Time Stand Still » qui aborde avec nostalgie le thème de la fuite du temps. Mais également « One Passenger », et « 3 Warning Shots », un titre qui évoque l’assassinat de John LENON par David CHAPMAN. Ce dernier titre, aussi réussi qu’il soit au niveau musical, fait montre d’une maladresse que je trouve récurrente chez Rick SPRINGFIELD en matière d’écriture. Plus que de maladresse, je pense qu’il faut plutôt évoquer le fait que certains de ses textes sont très (trop) imprégnés de culture américaine (ironique pour quelqu’un né en Australie). Ce, à tel point que les chansons perdent en efficacité et en termes d’impact. Ainsi le côté « plus yankee que moi tu meurs » d’un « 3 Warning Shots » qui évoque de manière très puérile le fait de venger John LENNON en tirant dans la tête de son assassin, ne recevra probablement pas le même écho en Europe. Au regard des principes prônés par l’ex Beatles, ce titre sonne en effet de manière assez inconvenante.
Inversement, lorsqu’il donne dans le mélo et dans la nostalgie, SPRINGFIELD fait montre d’un réel talent pour faire vibrer la corde des sentiments. Et là, ce sont les non anglophones, qui peuvent passer à côté d’un aspect important de titres qui, comme « Saint Sahara », sont chargés d’émotion. Ce titre est dédié à la mémoire de Sahara Aldridge, une fan décédée des suites d’une tumeur au cerveau à l’âge de 14 ans. L’album dans son ensemble lui est d’ailleurs dédié.
Si dans l’ensemble l’album se tient plutôt bien, certains titres ont tout de même un peu de mal à faire bonne figure. Ainsi la ballade « She » ou bien « Nothing Is Ever Lost », à titre d’exemple, manquent-ils un peu de profondeur et sont bien plus assimilables à des titres passe-partout qu’à des chansons marquantes.
Quoiqu’il en soit, ce « Venus In Overdrive » est une bonne surprise, une de celles que l’on attendait plus d’un artiste comme Rick SPRINGFIELD. Dans un style musical qui flirte bien souvent avec la banalité et la platitude, il réussi à nous pondre des moments de réelle émotion. Et même si cet album est moins rugueux que son dernier album original (« Shock, Denial, Anger, Acceptance » - 2004), il est par contre bien plus cohérent et mieux construit que ce dernier. S’il serait peut être abusif de parler de maturité (il avait tout de même déjà 54 ans en 2004 !) pour expliquer la très bonne tenue de ce « Venus In Overdrive », il convient de constater que le bonhomme est toujours capable de très bonnes choses.