L'acquisition de ce dernier album de la formation classique des Guns - chant du cygne de ce groupe culte - a été toute particulière... Je l'ai trouvé à quatre vingt dix centimes sur Amazon. Ayant déjà tous les autres (oui, même "Lies"), compléter ma collection ne m'aura pas couté bien cher. Si je vous raconte ça, ce n'est pas anodin. Il faut bien savoir que cette ultime offrande des Guns n' Roses avant le départ en masse de tout le monde est purement anecdotique. J'irais même plus (et trop) loin en disant qu'il n'a tout simplement aucun intérêt...
Peut être est-ce exagéré... Exagéré parce qu'il y a quand même une petite particularité sur ce disque qui mérite que l'on s'y attarde un quart de seconde : il n'est composé que de reprises. Et là où les Guns surprennent un peu, c'est qu'ils alignent des titres pour la plupart punk ou proto-punk (NY Dolls, Stooges, Rocket From The Tombs). Certes ce style est intégré dans les racines du groupe mais il reste quand même au second plan derrière le hard bluesy. Pourtant ici, le punk est la ligne directrice, et tous les groupes représentés y sont liés, de Skyliner, groupe de doo-wop (style dont les punk se sont directement inspirés) des années 50 jusqu'à T-Rex qui tournera avec The Damned. Seul Soundgarden détonne un peu.
Le niveau des compositions est donc variable. Certains titres sont bien choisis, comme le punchy 'Hair Of The Dog' de Nazareth, ou encore 'Down on The Farm', 'Aint it Fun', 'Since I Don't Have You'... Le reste s'écoute, principalement du fait que les Guns nous servent du son Guns, et qu'à priori, ça marche bien. Le chant de Rose colle bien à l'ambiance garage, le mur de grattes habituel est bien là, souple et rugueux, et l'énergie est globalement au rendez-vous. À coté de ça, difficile de s'enthousiasmer pour des foutoirs made in 77 qui sont sans doute bien plus marquants pour Axl et sa bande que pour l'auditeur.
Vous l'aurez compris, la note de ce disque dépendra principalement de l'indulgence que vous aurez à l'égard des protagonistes. Il faut l'admettre, ces gars là peuvent jouer n'importe quoi mais force est d'admettre que dans le cas présent, le contenu n'est pas transcendant.
Je me permet une remarque post-conclusion : il serait aisé de se dire que malgré tout, ce disque pourrait être une bonne porte d'entrée au punk rock, non ? Eh bien Non. L'évènement punk - principalement béhavioriste - ne peut pas être appréhendé uniquement via des reprises, sans même considérer le choix plus personnel que ludique dans les groupes. 'Raw Power' n'a-t-elle pas plus d'intérêt lorsqu'elle est mal jouée, à fond les ballons, par les Stooges ?