Hansi Cross, patron suédois du label Progress Records n'a jamais caché son amour pour Genesis, et ce quatrième album ne viendra pas démentir cette passion, socle de son œuvre musicale. Mais assimiler The Thrill of Nothingness à une simple copie de ces glorieux ancêtres s'avèrerait bien trop réducteur, tant le symphonisme développé tout du long des sept plages de l'album aborde bien d'autres rivages.
Alors certes, il règne bien sur ces compositions quelques effluves de Wind and Wuthering, mais l'influence de Barclay James Harvest, autre roi symphonique des 70's, se fait également ressentir, aussi bien dans les vocaux majestueux que dans le mid-tempo régulièrement adopté pour la trame mélodique de l'ensemble. Le tout est bien entendu saupoudré de la petite touche suédoise mélancolique de rigueur, sans toutefois sombrer dans la noirceur parfois (souvent ?) désespérante des productions locales. Les deux premières plages mettent ainsi en place le style de Cross : soutenus par des claviers tantôt vintage, tantôt néo, la voix d'Hansi Cross vient nous caresser les oreilles de son timbre chaud. Outre le fait que son dialogue est juste, l'homme est suppléé par quelques interventions lumineuses à la guitare.
Passée cette mise en bouche, Cross se lance dans une première plage épique – Innocence – prenant le temps de développer des thèmes instrumentaux. Les 5 premières minutes de ce titre peuvent rappeler Abel Ganz alors que les parties chantées, faisant office de courtes respirations, s'avèrent plutôt anecdotiques. Mais la musique de Cross ne se résume pas uniquement à de longues parties mélancoliques teintées de romantisme. Le groupe sait également proposer des parties dynamiques du meilleur effet, Chameleons (un titre tout trouvé pour la démonstration ?) ou encore le plus torturé Magnifico Giganticus en étant les meilleurs exemples. Enfin, cerise sur le gâteau, le magnifique Eternity et ses forts relents de … Pendragon vient clôturer une bien belle galette en synthétisant avec justesse tous les aspects de la musique des scandinaves.
Alors certes, on pourra toujours rétorquer que le poignant Hope est un peu longuet malgré ses 4 minutes, ou encore pointer du doigt (et de l'oreille) quelques faiblesses de ci de là... Il n'empêche que cet album se révèle plus qu'agréable à faire tourner entre les oreilles, et prend toute son ampleur au fil des écoutes répétées, brisant l'adage progressif selon lequel il faudrait nécessairement faire compliqué pour captiver.