« Trails », la première offrande digitale du groupe hollandais The Dust Connection est, disons le tout net, un album qui pose un petit cas de conscience. Ce jeune groupe, qui a déjà pas mal tourné dans son pays, révèle ici une certaine motivation. Les musiciens semblent aguerris, possèdent de bonnes idées (même si les prises de batterie ne servent pas toujours les titres) et leur guitariste sait se mettre en avant. Côté chant, c’est un peu comme si Dickinson fusionnait avec Labrie tout en gardant le dessus. Sur papier c’est joli mais la réalité peut se révéler assez curieuse (sur « Orbit » par exemple), même si souvent, le gars sait convaincre.
Bref, sur la forme, la recette est attractive. C’est plutôt sur le fond que le cas de conscience se manifeste. A l’écoute de l’album, on découvre deux premiers titres pêchus, qui balancent une belle énergie, une certaine virtuosité musicale et mettent en avant un aspect métal prog’ assez prononcé. Par contre, les deux titres suivants, sortes de « Tears Of The Dragon » bis (la voix du chanteur y est pour beaucoup) nous emmènent vraiment ailleurs, sur un terrain power metal ballade : jolis morceaux garnis d’arpèges et exécutés avec talents. Mais ni le côté prog’ ni le côté métal n’apportent de grande nouveauté.
En fait, tout l’album est du même accabit : ça joue bien, mais on passe d’un genre à l’autre sans arrêt, et ce sans grande originalité. Dans leurs influences, les musiciens citent Dream Theater, Pain Of Salvation mais aussi Marillion et Procupine Tree. Les références au groupe de Portnoy se ressentent fortement sur « Nine Days Wonder » ou « Path », un des meilleurs titres de l’album, à la voix tronquée, ambiances cithare et double pédale. Les références au groupe de Glastonbury font écho à l’ère Fish et sont perceptibles ci et là, surtout sur « Garden Of Remembrance », riche en piano. Le métal pur résonne dans le up tempo « Nothingness » alors que le sévèrement riffé « Subconscious World » rappelle de nouveau les escapades de Dickinson en solo.
Ce ballotage incessant perd l’auditeur et il reste difficile de passer au-delà des comparaisons. Pourtant, « New God » et son solo furieux ont tout pour plaire, tout comme la superbe « The House That Doesn’t Exist » habitée par le fantôme de Blackmore. C’est sûr, l’album trouvera ses fans, mais à l’issue de l’écoute de ces 14 titres, on ne sait toujours pas où le groupe a voulu nous emmener.
« Trails » est donc un joli fourre-tout duquel il est difficile de dégager une dynamique d’assemblage, un fil rouge (la courte balade pas très judicieusement posée en fin d’album), malgré des qualités évidentes. Ceci est parfois le lot des premiers essais, accordons-leur donc une certaine indulgence. Un prochain album plus personnel et mieux assemblé pourrait forcer la chance et apporter au groupe le succès qu’il est en droit d’attendre.