Fondé en 2007 à l’initiative des frères D.K (alias Thorgon) et S.G (alias Sagoth) d’Eternal Majestye, Madonagun se veut un projet aussi ambitieux musicalement que ses membres sont talentueux. Sorte d’hybride hardcore progressif, Madonagun est composé outre D.K et S.G, de F.X à la guitare, du soliste Julien Damotte connu du milieu prog par ses travaux solo et divers compilations prestigieuses (notamment au côté de Mattias Eklundh, Christophe Godin…) et Nach, clavier de Awacks…
« In the Middle of Nowhere » ouvre les hostilités et après une courte intro électro-acoustique, le sextet nous entraîne dans les méandres d’un metal hardcore empreint de réminiscences diverses, comme les quelques atmosphères orientales en arrière-plan, prouvant ainsi l’importance accordée au moindre détail. Une rythmique effrénée qui laisse place à un long solo enlevé de Julien Damotte où technicité se conjugue avec mélodicité. Un registre dans lequel évolue à merveille Charly Sahona qui donnera la réplique au soliste attitré de Madonagun pour un long solo échevelé à donner le tournis même au plus blasé. « In the Middle of Nowhere » se conclut sur un final très typé Slipknot tant au niveau des riffs que des lignes de chant de Matt qui se complait à copier avec talent Corey Taylor (gimmick également repris sur la clôture de « Willows of Sorrow »).
Les titres environnants se déclinent sur une thématique assez proche avec des subtilités comme notamment les riffs arythmiques de « Resurrect on the Razor Edge » qui justifient les influences death/thrash moderne (Meshuggah, Textures…) dont se réclame le combo, avec en bonus, une touche néo en filigrane au travers de vocaux typés Jonathan Davis (Korn). Tout le long des vingt minutes constitutives de cet EP, Madonagun n’a de cesse de martyriser son public avec son metal hardcore violent et inspiré sur lequel viennent se greffer les sonorités expérimentales de Nach et les soli emplis de feeling de Julien Damotte aérant ainsi des compos étouffantes.
En plein milieu de cette déferlante hardcore, le tout en subtilité « Fallen Angel » détonne avec son intro électro et ses soubresauts métalliques. Plus que n’importe quel autre titre, « Fallen Angel » est le terrain de jeu de prédilection de Matthieu qui éclabousse de tout son talent ce titre. Sa prestation caméléon proche d’un Tijs Vanneste d’Oceans of Sadness, entre hurlements frénétiques et chant grave poignant, est tout simplement remarquable…
Hormis le final cliché - qui n’apporte réellement rien au tout - d’une femme gémissante implorant son bourreau avant son exécution, aucune faute note n’est à déplorer. Tant est si bien qu’à l’issue de l’écoute de ce premier jet, nous n’attendons vraiment qu’une chose, que Madonagun convertisse cet essai en un album tout aussi inspiré et dans lequel le combo affirmerait son identité naissante ! A suivre de près pour la fin 2010…