Après dix ans d’absence (sans compter un EP il y a cinq ans), la bande des frères Berends revient avec un septième album, une nouvelle chanteuse et un nouveau label, Lion Music. Les précédents albums du groupe Mastermind étaient marqués du sceau de la musique progressive au sens large du terme avec des tentatives instrumentales (Excelsior) ou des albums chantés de métal progressif (Angels of The Apocalypse). La nouvelle recrue au chant est Tracy McShane et le reste du groupe n’a guère changé avec les frères Berends, Bill et Rich et le claviériste de Statovarius Jens Johansson. Insomnia sort donc chez Lion, label qui regroupe de nombreux groupes de talent dans le métal mélodique et progressif et c’est plutôt dans la mouvance métal mélodique que s’inscrit Insomnia, comme nous allons le voir.
Mis à part le dernier titre qui frise les dix minutes, le format des morceaux tourne autour des quatre minutes trente, durée idéale pour développer un propos et installer une mélodie mais trop courte pour justifier des appétences progressives. Le premier titre, « Desire », est de nature assez classique avec de belles mélodies vocales et un refrain qui passe bien. La présence du clavier de Johansson est prépondérante et les guitares se cantonnent à offrir quelques riffs puissants. La tendance générale du disque n’est pas à la rigolade et les modes mineurs sont utilisés à outrance. Une atmosphère mélancolique plane sur l’ensemble des dix titres avec des summums lors de la power-ballade très réussie « One More Night » ou du long et apathique « Last Cigarette » dont les neuf minutes ne se justifient que par son rythme extrêmement lancinant.
La caractéristique principale d’Insomnia est quand même contrariée par deux plages atypiques, qui permettent sans doute au groupe d’être classé dans le genre progressif, que sont « Piggy World » et « Night Flier ». Le premier dévoile un couplet presque rappé par la belle Tracy avant de basculer sur un refrain mélodique à souhait. Le rythme est plus soutenu que dans nombres de morceaux et s’il ne représente qu’une respiration au milieu de tout ce pathos c’est déjà remarquable. « Night Flier » est quant à lui un morceau instrumental des plus surprenants puisqu’il s’agit d’un genre de jazz fusion très typé west-coast qui aurait pu apparaitre sur un enregistrement de Karizma. Autour d’une batterie très rapide et d’une guitare qui décoche des accords suspendus aux couleurs jazz, la deuxième guitare improvise de petites notes courtes et nerveuses qui donnent un effet hypnotique assez déconcertant. Cet instrumental laisse en fin de piste un boulevard à des chorus de claviers et de guitares ainsi qu’un petit solo de batterie.
Comme je le remarquais plus haut, les claviers de Johansson sont très présents tout au long du déroulé du disque, qu’il s’agisse du piano (« No Answer ») ou des sons très synthétiques à la Rush avec « Broken ». Ce même titre qui reste une des réussites de ce disque avec de la hargne de la part du chant de Tracy et de très belles mélodies de refrain.
Bien qu’il soit d’un contenu assez noir, Insomnia est au final un disque qui s’écoute facilement. Mastermind sait écrire de belles mélodies et le choix de Tracy McShane au chant apparait comme judicieux et représente le principal argument pour l’achat de ce disque. Au milieu de ça, rien de révolutionnaire dans cet Insomnia qui, malheureusement, ne vous fera pas vous lever en cas d’insomnie…