Amis dépressifs, réjouissez-vous (ou du moins, remettez à plus tard vos pulsions suicidaires), les tenants du doom/death sont de retour ! Comme nous l’avions souligné lors de la précédente production, s’il y a bien un groupe décidé à exploiter sa notoriété acquise au gré d’une discographie naissante, c’est bel et bien Swallow The Sun. Auteurs de trois opus (dont le dernier relevant plus de l’EP que d’un vrai album), les Finlandais exploitent un gisement creusé en 2005 avec "The Morning Never Came" et sont plus que jamais décidés à nous ensorceler avec leur doom/death mélancolique qui a fait ses preuves.
C’est sur ces considérations que "These Woods Breathe Evil" ouvre les hostilités sur une trame toute death progressive mélancolique chère à Swallow The Sun. S’ensuit "Falling World", rythmé par un riff lourd et lent, limite martial telle une armée déchue de retour du champ de bataille. Ce titre typiquement doom aux guitares lancinantes, est juste entrecoupé de quelques rayons lumineux par l’entremise du piano enchanteur et/ou des lignes de chant clair de Mikko Kotamäki. Dans une veine toujours aussi gaie, Swallow The Sun continue son travail de sape avec les mélancoliques "Sleepless Swans" et "… And Heavens Cried Blood".
Si cette entame n’est pas désagréable, elle peut cependant rapidement s’avérer monotone. Fort heureusement - et c’est toute la force des Finlandais - la suite s’avère nettement plus enlevée et mélodique. A cet égard, le troisième volet de la berceuse "Horror" (série qui avait été interrompue sur le précédent opus) casse la lassitude ambiante avec ce qui demeure sans conteste la pièce maîtresse de cette nouvelle livraison. Articulée sur une dualité père rageur/fille triste, "Lights On The Lake" est un titre poignant qui vous prend véritablement aux tripes entre les superbes lignes mélancoliques d’une enfant noyée parfaitement retranscrite par Aleah, et les complaintes black d’un mari poussé à commettre l’irréparable suite à la mort de sa femme.
S'il ne faut pas s’attendre à des envolées lyriques pour autant, Swallow The Sun perpétue la recette développée sur les précédents opus en diversifiant son doom pour lui donner par moment des allures de death (voire black) progressif comme sur le magistral final "Weigth Of The Dead" introduit par un blast black survolté, limite symphonique, interrompu net dans son envol par le développement d’un thème doom épique et envoûtant. C’est justement ce qui fait le succès de Swallow The Sun : savoir épicer son doom pour le rendre moins strict et moribond que celui des groupes affiliés au genre. Le break inspiré et magnifié par des flûtes enchanteresses de "Servant Of Sorrow" en est un bel exemple. Outre cette capacité à magnifier sa recette musicale, la grande force de Swallow The Sun réside aussi dans la prestation de Mikko Kotamäki qui fait toujours autant merveille, alternant growls death abyssaux et lignes claires très caractéristiques, enrichis notamment sur ce nouvel opus de cris stridents black, exercice dans lequel il excelle également.
Même si nous ne nous attendions pas à une révolution pour ce quatrième opus, les Finlandais de Swallow The Sun ont tout de même réussi à nous faire adopter ce "New Moon" à la faveur d’une seconde partie nettement plus riche que son entame. Dans ces conditions, et bien que dans la droit lignée de ses prédécesseurs, "New Moon" est imprégné d’un zeste de souffle novateur qui lui permet d’éviter de tomber dans la redite qui lui pendait au nez.