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En ce début de décade, de siècle, de millénaire, Mike Oldfield a entrepris un projet dont le fiasco commercial sera à la hauteur de l'ambition qu'il y a mis : imaginer et créer sous forme de jeu video un monde virtuel baptisé Music Virtual Reality, dans lequel des univers plus ou moins fantastiques couplés à sa musique sont visités par le "joueur", sorte de Second Life futuriste avant l'heure. Pour servir de support à cette entreprise, et peut-être pour assurer le coup commercialement parlant, l'artiste a sorti de manière conjointe la première partie du jeu avec Tres Lunas, CD proposant une musique fortement inspirée de ces aventures video (à noter qu'une deuxième mouture présente sur le net propose sous forme de "pirate" les musiques extraites du jeu … et se révèle d'ailleurs meilleure que l'album ici présenté).
Dès les premières notes de Misty, qui introduit le thème récurrent de l'album, le ton est donné : nous avons droit à de la chill-out music tendance X-Files, ne proposant pas une note plus haute que l'autre. Même les interventions de guitare sont feutrées, de même que les sonorités de saxophone (que l'on imagine samplé car aucun musicien n'est crédité pour cet instrument …). Un thème simpliste introduit dès le début du morceau est répété jusqu'à épuisement durant toute sa durée avec juste quelques "breaks" (notez que les guillemets prennent ici toute leur importance) de guitare pour tenter en vain d'illuminer le tout : voilà la recette du Mike Oldfield du nouveau millénaire… Qui s'avère particulièrement indigeste.
Certes, sur certains titres comme Return to Origin, ou à la rigueur Tres Lunas, la sauce est plutôt plaisante, mais la tendance générale de l'album confine tout de même à l'ennui profond. Pour couronner le tout, l'auditeur courageux aura également le droit de supporter d'horribles programmations de batterie, même pas sauvées par les vocalises des voix divines des choristes féminines, ni par une production au-dessus de la moyenne (Viper par exemple). Et je ne m'étendrai pas ici sur l'horrible single To Be Free, tellement bon que Mike Oldfield s'est crû obligé de nous en mettre deux versions.
Au moment de commencer cette chronique, je me suis demandé depuis combien d'années je n'avais pas réécouté cet album (ce qui est très rare chez votre serviteur, l'intervalle entre deux écoutes des productions de Mike Oldfield excédant rarement 6 mois). Au vu de la (désespérante) redécouverte de l'album, je serais quasiment tenté de répondre… Depuis sa sortie (ou presque).
Plus d'information sur
http://www.mikeoldfieldofficial.com/
LISTE DES PISTES:
01. Misty (3:59) 02. No Mans Land (6:08) 03. Return To The Origin (4:38) 04. Landfall (2:19) 05. Viper (4:32) 06. Turtle Island (3:40) 07. To Be Free (4:21) 08. Firefly (3:46) 09. Tres Lunas (4:35) 10. Daydream (2:15) 11. Thou Art In Heaven (5:22) 12. Sirius (5:47) 13. No Mans Land (reprise) (2:56) 14. To Be Free (radio Edit) (3:56)
FORMATION:
Amar: Chant Jude Sim: Chant Thomas Suessmair: Programmations Mike Oldfield: Guitares / Basse / Claviers Philip Lewis: Programmations Sally Oldfield: Chant
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(2) AVIS DES LECTEURS
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Je pense que pour évaluer un album tel que Tres Lunas, Light + Shade ou Voyager, il faut accepter l'idée de laisser de côté les créations purement progressives : je ne dirais pas "en faire le deuil", car cela sous-entendrait que ces créations-là étaient absolument géniales, alors que les plus récentes ne vaudraient pas un clou. Simplement, se donner un cadre propre à chaque domaine d'appréciation: on ne peut comparer que ce qui est comparable. Avant même d'évoquer la charge émotionnelle induite, ou le style musical, la mise en forme technologique est radicalement différente: de facto, Mike Oldfield annonce qu'il n'a pas l'intention de créer quelque chose de similaire à sa production des années 70 et 80. Concrètement, ce que j'entends par "mise en forme" technologique: "comparons" (!!) Tres Lunas avec Amarok (j'en vois certains qui sourient !). Le premier n'accorde aucune dynamique sonore à son contenu: constance des décibels. ça peut s'écouter sans trop de problème en voiture, on ne perdra pas grand-chose (sans connotation péjorative, il peut y avoir de bons systèmes hifi dans les voitures !). Le second, bien que pas tout à fait d'obédience symphonique, arbore la dynamique d'un orchestre correspondant ! Baissez le volume sonore, et vous perdez les 3/4 du contenu. Augmentez-le un tout petit peu, et vous explosez vos membranes au démarrage du 1/4 restant. L'objectif visé, d'un album à l'autre, est tout à fait différent. On ne parle plus de mêmes projets.
Ces considérations ne m'empêchent pas de me sentir plus proche de la première période, tout simplement parce que je ne suis pas fan de la "chill-out music". (loin de l'être autant que de l'esprit progressif) Mais, en même temps, je peux établir mon propre classement au sein d'une autre catégorie que celle de la musique prog, pour peu que j'en retire quelques émotions: ici, dans ce domaine, Tres Lunas ne me semble pas non plus exceller, mais s'écoute agréablement avec quelques tirades comme Fire Fly, Sirius, Turtle Island. Et l'ensemble est cohérent. Entre parenthèses, je trouve d'autres notations un peu sévères: d'accord, "Voyager" ne vaut pas beaucoup plus que 5/10 (mais ce n'est pas vraiment du Mike Oldfield... seulement l'inspiration, et ça ne fait pas tout !), mais pour moi, Light + Shade se situe un cran nettement au-dessus (je dirais bien 7 ou 8/10 pour ce double, habilement nuancé).
Après, d'accord sur les regrets si l'on attend la résurrection de l'esprit Oldfield des années 70. Tubular Bells, Ommadawn, Platinum, Incantations, Five miles out, c'est derrière. Discovery, Crises, Songs of distant earth, Amarok, autres mais néanmoins très beaux chapitres, également.
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Pas du tout d'accord avec le chroniqueur ! Cet album est dans la continuité, dans la même atmosphère que "..song" voilà tout, certes avec un rythme plus dans les années 2000. Mais voilà, " song ... " était déjà dans un rythme des années 90 donc, pas de critique à faire là dessus. Une ambiance bien planante comme sait les faire le sieur " Oldfield " ; juste une seule chanson pop, comme on les déteste. Voilà pourquoi un bon 7/10
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(1) COMMENTAIRE(S)
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Cet album peut laisser une impression un peu mitigée. Beaucoup de travail de programmation, les "vrais" instruments disparaissent. Vu de maintenant, je comprend mieux le virage amorcée, les motivations induites. On peut regretter le côté "clinquant" et orienté de cette musique nouvelle dans l'oeuvre de MO. Pour autant, ce n'est ni un naufrage ni un saccage.
Le climat global est le fruit du passage à un nouveau millénaire, à un univers bien loin de Tubullar Bells. Mais cet univers vaut le temps consacré à son écoute. Il faut se laisser porter par une musique qui est incontestablement "bien faite", bien construite et qui possède un pouvoir de suggestion non négligeable. A l'écoute on peut "ressentir des images" que les différents titres nous poussent à fabriquer. C'est très intéressant et agréable. Presque dansant par moments. Après tout, pourquoi pas ? Il y a de belles ambiances, qui font parfois penser à "Buddha Bar" ou ce genre de musique un peu contemplative, avec de l'émotion, de l'invention. De belles mélodies un peu mélancoliques, des rythmes qui fascinent par leur aspect répétitif mais jamais lassant. Aucune longueur, MO a réussi à éviter cette facilité.
Peu de voix, quasiment pas de chant. Aucune référence au prog-rock ni aux albums précédents. Aucune intention non plus de se placer sur la bande FM, à l'exception notable de "To Be Free" (sympathique, au demeurant), seul titre ayant une dynamique et un rythme permettant de l'envisager. Le ton est donné, on est bien dans un autre monde.
Ca ne part pas si mal avec "Misty", beau morceau bien rythmé avec des basses comme j'aime, bien profondes et joliment scandées. Pareil pour "No Man's Land" qui est un titre créatif et délié. "Return..." est assez fascinant avec son rythme cyclique, à la limite de la transe, et ses doux chuchotements féminins. Même sentiment à propos de "Viper", hypnotique et incitant à se lever pour bouger en rythme. Les autres titres continuent à faire ressentir un climat planant, vaguement teinté à la "Woodkid" par moments ("Thou Art..." par exemple), mais tous avec une coloration qui ne laisse aucun doute sur l'identité du compositeur. Notamment par de très beaux instants de guitare.
Il suffit de comparer cet album à "Earth Moving" pour immédiatement lui trouver des qualités tout à fait honnêtes. Certes pauvre en instruments, basé sur les boites à rythme et des samples, dénué du punch habituel, privé de belles lignes de basses ou d'une batterie menée par Simon Philips, ces 58 minutes s'écoutent néanmoins sans déplaisir ni laisser l'impression d'avoir perdu son temps.
Une musique bien plus abordable que ses productions habituelles (comme Ommadawn ou Amarock, par exemple), mais bel et bien imprégnées de la patte de MO. Les profanes y trouveront largement leur compte. Le fans de MO n'écouteront peut-être pas cet album souvent, mais ce qui l'écoutent le feront avec un plaisir qu'on ne doit pas bouder.
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LECTEURS:
2.5/5 (2 avis)
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STAFF:
1.8/5 (5 avis)
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L'album n'est peut être pas sorti ou l'ID spotify n'a pas encore été renseigné ou il n'y a pas d'ID spotify disponible
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