Quand un groupe de la trempe de Toto décide de faire les fonds de tiroirs pour fêter ses 20 ans de carrière, on est en droit de s’attendre à quelques surprises. Compilant sur un seul album des titres inédits (et une poignée de live) issus des sessions de 1977 à 1997, « XX » est bien plus qu’une simple anecdote. Dans un joli artwork retraçant la carrière du groupe, Toto présente ici ses nombreux visages ainsi que chaque musicien ayant pris part à l’aventure depuis les premiers pas du groupe (en dehors de Jean Michel « Jackson » Byron).
Le visage le plus rock de Toto est représenté par 'Tale Of A Man', un titre à la rythmique lourde et au riff puissant que l’on retrouve dans "Livefields" et qui met Kimball en valeur. 'On The Run' est l’autre brûlot de l’album. Contenant un riff usé jusqu’à la corde par Steve Lukather au sein de Los Lobotomys, et que l’on retrouve en version bien plus jazzy dans l’album en hommage à Jeff sous le nom de 'E Minor Shuffle', ce titre possède une belle énergie, boosté par les percussions de Chris Trujillo et le groove de Jeff Porcaro. Dommage que le son, capté au festival de Montreux, manque un peu de puissance.
'Goin’ Home', qui ouvre l’album montre la facette la plus AOR du groupe et possède une superbe production. Kimball et Jospeh Williams se partagent le chant sur ce très bon titre destiné à l’origine pour 'Past To Present'. 'Last Night' aurait pu devenir un classique de Toto, de la trempe d’un 'Georgy Porgy'. Puis il y a les petits délires du groupe comme le reggae 'Modern Eyes' et ses sons de synclaviers humanoïdes, 'Love Is A Man’s World' et son esprit R’n B qui éclate finalement en Saturday Night Fever et 'Mrs Johnson' dans lequel le groupe tombe à court de mot sur le dernier couplet. Il faut préciser qu’ici Luke, qui enregistre pour la première fois avec Toto, rend un bel hommage à Brian May et David Gilmour.
'Miss Sun' est une autre demo d’un groupe en quête de signature et 'Right Part Of Me' fait office de jolie ballade. L’album s’achève sur trois titres live joués en Afrique du Sud en 1998. On y retrouve le 'Dave’s Gone Skiing' dans lequel la basse claque bien plus qu’en studio, renforçant le côté jazzy ainsi qu’un 'Africa' très roots, transcendé par des percussions et des chœurs africains.
Même si "XX" manque par nature d’un peu d’unité, il propose néanmoins des titres souvent légers mais possédant le potentiel d’un tube. Ajoutons que la qualité sonore de l’ensemble est bien présente (tout à été remixé en 1997 par Elliot Scheiner, pas de place ici pour les vieux enregistrements crachotants et dissonants) et cela devrait suffire à convaincre tout fan ne possédant pas encore l’objet de se jeter dessus.