Ce qui est commercial est-il nécessairement mauvais ? Devons nous considérer que si un artiste vend beaucoup, c’est forcément parce qu’il a réussi à faire un album assez mauvais pour plaire au plus grand nombre ? Prenons l'exemple de Nickelback. Après avoir vendu près de cinq millions de copies de son "Silver Side Up", est-il nécessaire d’écouter ce The Long Road pour savoir qu’il est à l'évidence mauvais ? Eh bien non ! Nos quatre Canadiens ne font pas de la mauvaise musique même si elle est accessible au plus grand nombre. Tout au plus pourrait-on leur reprocher d'avoir trouvé une recette efficace qu’ils s’attèlent à reproduire.
On entre directement dans le vif du sujet par l’énorme « Flat On The Floor », deux minutes d’un concentré d’énergie pure vous saisissant et emportant absolument tout sur son passage ! Assez court pour ne pas être étouffant et conserver tout son punch, il nous laisse la bouche ouverte face à « Do This Anymore » qui tente de reproduire la magie « How You Remind Me ? » et qui y parvient en se révélant au final plus percutant grâce à un phrasé cinglant d’un Chad en très grande forme.
Nous sommes désormais dans l’œil du cyclone et les titres s’enchaînent comme autant de rafales. « Someday » est de ces vents qui vous emportent et vous élèvent, « Believe It Or Not » de ces bourrasques qui vous bousculent et vous font perdre l’orientation, se montrant parfois déstabilisante mais toujours intéressante. Matraquage basique et jouissif qui baisse d’un ton mais conserve son intensité pour un « Figured You Out » toujours plus sombre et plus lourd. Nickelback nous sert alors sa spécialité, la power ballade « Should’ve Listened », malheureusement un peu trop linéaire malgré une tension intéressante.
C’est alors qu’on prend conscience que le souffle est peut-être un peu court chez nos Canadiens et « Throw Yourself Away » vient confirmer cette impression en peinant à décoller, au même titre qu’un « Another Hole In The Head » qui de répétition en redondance finit par s’essouffler lui-même. Dommage, car non content de réussir à nouveau sa conclusion avec un très convaincant « See You At The Show », Nickelback nous propose trois bonus de belle facture avec les énergiques « Yanking Out My Heart » et « Learn The Hard Way », mais surtout l’excellente reprise de « Saturday Night’s Alright (For Fighting) ».
"The Long Road" c'est donc une bonne dizaine d'excellents morceaux et quelques hits à inscrire au Panthéon du Post-Grunge et donc de la musique. Nickelback est toujours commercial mais quand la qualité est là, on ne pourra pas s'en plaindre.