Nous sommes en 2002 et, coincé entre Sony et EMI, Toto se doit de contractualiser rapidement un nouvel album. Comme le groupe est très pris par la préparation d’une tournée mondiale qui fêtera ses 25 ans de carrière, Lukather propose l’idée d’un album de reprises.
Pas besoin dans ce cas de longues séances en studio, chacun travaille les titres dans son coin (c’est peut être là que le bât blesse) et tout sera assemblé assez rapidement par la suite sous la houlette de Simon Phillips, qui nous assure une très bonne qualité sonore. C’est Steve Lukather qui choisit seul la majorité des titres ici présents. « Through The Looking Glass » est, selon le maître, plus un tribute album qu’autre chose : "Un ensemble d’œuvres qui peuvent expliquer d’où vient Toto et de quoi il est fait".
L’album démarre par une surprise. « Could You Be Loved » est déniché par Lukather, qui, après avoir fouillé ses piles d’album à la recherche de reprises appropriées, décide d’aller jeter un œil dans les albums de sa femme. Réhaussé de chœurs et de la présence d’un DJ (une première), ce titre lumineux est étonnant.
Les autres titres qui sortent du lot sont le bodybuildé « Bodhisattva » de Steely Dan, dont Jeff Porcaro fut à une époque le batteur et la superbe ballade « While My Guitar Gently Weeps », hommage modernisé à George Harrison, magnifiée par la voix et la guitare de Luke. « Sunshine Of Your Love » de Cream est quant à elle sacrément triturée. Le groupe y transforme le riff principal pour l’interpréter en 7/4, boostant ce titre pour le faire sonner de manière unique. Enfin, la comique mais chatoyante « Watching The Detectives » se révèle un petit coup de provoc’ envers un Elvis Costello qui n’a jamais épargné Toto dans la presse.
Le reste, pas inintéressant, manque un peu de la patte « Toto » même si le groupe parvient à éviter l’écueil des titres trop évidents. On y trouve des clins d’œil soul à Stevie Wonder, jazzy à Herbie Hancock, pop à Elton John et bluesy à Dylan. La traditionnelle « House Of The Rising Sun » présente un Kimball en grande forme dans une version guitaristique originale de Luke.
Cet album propose à "boire et à manger" dirons-nous et laisse un bilan mitigé pour un Toto « larger than life » garnit de cuivres et de loops. Pour les fans du groupe uniquement ou de grands standards anglo-américains.