Fan des Beatles, de 10CC, d'Electric Light Orchestra, de Genesis, de Procol Harum, de Pink Floyd, "Welcome to the pleasure dome" ! Car du plaisir vous prendrez: un florilège musical, une production nickel à la Trevor Horn, des musiciens au top et un propos intéressant. Alors, allons-y... Relax...
Tomas Bodin, claviériste des "Flower Kings" de son état, termine en 2005 "I Am", premier album d'une trilogie annoncée. C'est à peine un an plus tard qu'il commence à travailler sur la suite, logiquement intitulée "You Are". Il se remet à écouter des classiques des 70's, s'en imprègne dans le but de réaliser un mix de rock, de symphonique et de pop dans la lignée des susnommés. Mais l'homme est légèrement overbooké avec la tournée des Flower Kings (FK) pour Paradox Hotel, les sessions de "The Sum Of No Evil" toujours des FK, ainsi que la sortie d'un nouvel album solo Cinematograaf enregistré en 2008. Entretemps, il auditionne différents chanteurs pour la suite de son projet mais sans trouver satisfaction. C'est finalement dans son entourage familier qu'il trouvera ce qu'il cherchait, en la personne de Michael Stolt. Il l'engage au départ pour ses talents de bassiste, bien connus déjà au sein des FK. Michael s'essaiera au chant sur certains titres et bingo ! Il rejoint donc Marcus Lilijequist (ex FK) et Jocke JJ Marsh, déjà tous deux présents sur I Am.
Voilà donc notre petit monde réuni, la dream team selon Tomas. Ils retravaillent alors peu à peu les morceaux de celui-ci, y ajoutant chacun un peu de leur créativité. En ressort une véritable alchimie et Tomas sent à ce moment qu'il s'agit bien là d'une entité, d'un véritable groupe. Restait à touver un nom : Eggs And Dogs. Je me suis demandé - comme vous sans doute - où il avait pu trouver un nom pareil... Sachez qu'il voue une admiration sans limite à Led Zeppelin et à son morceau d'antologie Black Dog. La synergie des mots opère, "Doggy Style" trop stylé, "Dog Dog" trop stupide, "Dog King" pourquoi pas mais un peu trop typé non ? Un matin, en déjeunant, il voit apparaître dans la lumière du néon "Eggs And Dogs" et pour ne pas être brouillé avec ses amis, il adopte celui-ci.
Nouveau groupe et nouveau concept-album; le premier était axé sur lui-même (Im Am), celui-ci le sera sur les gens qui l'entourent (You Are), ou du moins sur ce qu'il en perçoit, leur mal être et les dérives de notre monde moderne.
"You Are" ouvre le bal avec son rock bien gras, bien acoustique quand il le faut. Le sujet en est l'indifférence des êtres qui nous entourent, l'individualisme dicté par notre vie de citadin et l'isolement qui en découle. Un coup de chasse d'eau plus tard, voici notre pauvre Lucille, émule de Nicole Kidman dite "sac d'os" (je me transformerais bien en DOG). La pauvre mourra d'anorexie malgré les efforts de son père et de son médecin. George Harrison rejoint ELO sur scène pour "Food", nous comptant l'histoire de cette fille boulimique qui, à défaut de trouver le chemin vers le grand amour, trouve perpétuellement celui de son réfrigérateur. "Dad Is Coming", le Floyd nous arrive, ainsi que le père qui revient à la maison, imbibé comme d'habitude. Non cette fois promis, il ne frappera pas, plus de violence conjugale... Même le caporal clEGG et son armée du salut sont là pour en témoigner... Poignant... Envolons-nous ensuite à l'écoute de "Private Skies", où l'on pourrait oublier tous nos soucis. Il suffit d'un peu de fumée pour se retrouver sur un nuage, se laisser tenter par le diable, et profiter de ces quatres dernières minutes dantesques et son final banksien, éternel gardien des cieux. Passons aux standards de la mode, les standards physiques, la couleur de la peau ou ce qui pousse les gens à faire n'importe quoi pour se conformer, se couler dans le moule, être acceptés. Alors me direz-vous, il manque quand même une grande référence ! Ne vous inquiétez pas, voici la bimbo siliconée qui débarque à Hollywood. Du pur jus FK (un petit clin d'oeil à l'album Retropolis) relevé à la sauce Procol Harum... Géant ! C'est avec délectation que nous suivons son arrivée sur Hollywood Bd. Son rêve d'approcher le soleil, les étoiles (Kidman en prend encore pour son grade) avant qu'elle ne se rende compte qu'elle se brûle les ailes, qu'elle ne peut plus faire marche arrière. Elle se retrouve seule et désemparée, un final on ne peut plus émouvant et déjà 21 minutes de passé...
Voilà un grand album avec des musiciens en grande forme et une excellente synergie. Les textes sont très intéressants, durs il est vrai, mais mis en valeur par une musique à contrario souvent optimiste, la patte FK. Sachez déjà que le petit troisième est en gestation et devrait s'intituler "He She It Is". Alors Tomas Bodin himself ou Eggs and Dogs ? Les paris sont ouverts. Ready, YOU ARE ?