Dans la discographie de chaque groupe, il y a des albums qui restent dans l’ombre, trop personnels ou manquant d’inspiration, hors cadre ou incompris, qui sait ? Vous en connaissez tous quelques uns, en voici un autre : « Abandon » de Deep Purple.
Doté d’un très bon titre sous forme de jeu de mot (A Band On) et d’une jolie pochette, cet album est le second de la nouvelle formation avec Morse. Mais là ou « Purpendicular », attendu au tournant par les fans, fini par en combler une bonne partie avec son rock vif et coloré, « Abandon » voit le groupe prendre le risque de changer encore sa formule.
Le groupe propose ici, et pour la première fois de sa carrière, une musique assez sombre, limite étouffante. Nous avons ici affaire à un mur de son et à des ambiances froides (la reprise « Bloodsucker » y trouve sa place, les plus tortueux « Fools » ou « Into the Fire » l’auraient trouvée aussi). Finies les paroles tordues d’un Gillan qui se montre ici plus gris et nostalgique, presque résigné. "Watching the sky", "Seventh heaven" et "Don't make me happy" illustrent parfaitement ces propos. Seul « Any Fule Kno that », un opener qui cache la forêt, reste assez guilleret. « ‘69 », en hommage à l’époque (ben oui, à quoi d’autre pensiez-vous ?) possède un côté rock entraînant et le duo « Jack Ruby » /« Evil Louie » possède quelques touches folk et colorées. Le reste de l’album lui, est plus difficile d’accès et pas toujours très inspiré.
Instantané d’un état d’esprit plus sombre du dinosaure, se voulant peut être plus moderne, « Abandon » est un album à réserver aux grands fans du groupe uniquement. Pour les autres qui souhaitent découvrir la dernière version de Deep Purple, le Mark V, dirigez-vous plutôt vers le spontané « Purpendicular» ou le plus abouti « Rapture Of The Deep ».