Opeth est vraiment unique. Tous ses albums le prouvent, notamment les deux derniers, Deliverance et Damnation. L'un violent et l'autre calme et atmosphérique. Ce DVD se devait donc d'être spécial... Et il l'est.
Tout d'abord par la présentation. Quel plaisir que de s'apercevoir que pour une fois, le concert n'est pas accompagné de discographie ou autres photos inutiles. Il n'y a pas non plus d'images filmées en amateur sur la plage ou dans les hôtels, montrant les membres du groupe sous un visage ridicule (je ne comprends toujours pas pourquoi les métalleux adorent voir leurs musiciens favoris se vomir dessus tellement ils sont saouls).
"Lamentations" est constitué d'un concert en deux sets d'environ 2h et du making-of de Deliverance/Damnation. Ce bonus nous présente un batteur très grand et sympa, un Peter Lindgren sobre et agréable, un bassiste au look très Death Métal et un M.Akerfeldt timide, annonçant un album presque black métal en guise de nouveau Opeth.
Après le visionnage du concert le constat est très facile à faire : on est en présence d'un show phénoménal et Opeth, qui avait déjà franchi un palier avec ses derniers albums, est en train de devenir une véritable légende. La set-list fait la part belle aux deux derniers albums, avec pas moins de 11 morceaux sur 14 ! Les trois autres étant issus de Blackwater Park, l'album précédent. Même si on regrette l'absence de certains titres plus ancien notamment Advent, on comprend que ce DVD est une image d'Opeth en 2003, et les musiciens jouent ce dont ils ont envie.
Le son est bon : clair, précis et puissant quand il faut et le concert est filmé de manière très agréable, esthétique et professionnelle. Si parfois le fait de prévoir la sortie d'un DVD avant même d'avoir joué le show rend les enregistrements minables, Opeth sort le grand jeu lorsqu'il est sous pression.
Le premier set est donc acoustique et comprend la totalité de Damnation. Les musiciens sont toujours aussi discrets, même si M.Akerfeldt fait beaucoup d'efforts en communiquant avec le public. Ca sonne presque "faux" quand on sait qu'il pense certainement au DVD, mais qui peut lui reprocher d'essayer d'obtenir le meilleur résultat possible ? Le suédois montre d'ailleurs beaucoup d'humilité lorsqu'il déclare après le morceau Ending Credits qu'il s'agit d'un plagiat de Camel. On préfère parler d'hommage...
Les compositions sont en place et la technique est irréprochable. Le groupe se permet quelques écarts sur certains passages, notamment sur la fin (déjà géniale sur album) de Closure, qui se transforme en un pur moment de plaisir inexplicable. Même si on a l'impression que les compositions longues et assez techniques du groupe sont rigides, en concert on sent le plaisir des musiciens à les reproduire et on se laisse emporter par le magnifique feeling qui les hante.
L'invité claviériste Per Wiberg (déjà chez les Spiritual Beggars) tient un rôle assez important, il se permet quelques improvisations et chante parfois avec M.Akerfeldt. Le public est aux anges et a envie d'exploser, surtout que le groupe lui a bien annoncé que le deuxième set serait un concentré de fureur à base de morceaux plutôt heavy. Il est d'ailleurs très agréable de voir des jeunes fans arborant des T-shirts de Death Métal apprécier ces morceaux calmes.
Après l’entracte, les choses sérieuses commencent et Martin Lopez sort sa grande batterie. On commence de manière explosive avec "Master's Apprentices", et c'est le début d'un concert de death métal monstrueux.
Les musiciens sont déchaînés. Même le très sobre et calme Peter Lindgren headbangue (ça aussi, on peut penser que c'est fait exprès mais tant mieux). Après deux morceaux issus de "Blackwater Park" entrecoupés par le monumental DE-LI-VE-RANCE et sa fin tonitruante, le concert se termine sur le très glauque "A Fair Judgement". La fin épique de ce morceau est parfaite pour clôturer ce concert.
Malgré deux bonnes heures de concert, on en veut encore. Personne ne pourra s'empêcher de refaire tourner sa platine, ne serait-ce que pour revoir certains passages vraiment magnifiques. Opeth maîtrise parfaitement son sujet, aussi bien sur les morceaux calmes que sur les morceaux énervés. Il n'y a qu'à écouter l'aisance avec laquelle Michael Akerfedlt alterne les deux types de vocaux (Master's Apprentices) pour approuver.
On irait pas jusqu'à vous forcer à acheter ce DVD, mais disons que s'il y a un DVD dans lequel il serait bon d'investir cette année, c'est bien celui-ci.