Groupe originaire du Québec, Southern Cross existe depuis 2003 sous la forme d’un trio. C’est en 2006 que sort leur premier album, Rise Above, après l’arrivée de deux autres musiciens. Le quintet sort aujourd’hui son deuxième album sous le nom de Down Below et il est bien décidé à faire parler de lui avec son métal progressif énergique et nourri d’une multitude d’influences.
Down Below démarre parfaitement bien avec le meilleur morceau du disque ! « Weak And Sober » déroule durant près de neuf minutes tout ce dont est capable ce groupe : de grosses rythmiques empruntées au canon du genre, des passages dépaysant à la limite du jazz et des refrains plein de mélodies. On entend des claviers très typés Saga et des riffs coutumiers de Dream Theater. Ce morceau donne le ton d’un album qui va malheureusement chuter assez rapidement dans l’estime de votre serviteur, le temps de trois bons premiers morceaux.
En effet, les deux titres qui suivent « Weak And Below » brillent non pas par leur originalité mais par leurs belles mélodies de refrain. L’originalité, voilà le principal point délicat de Down Below. La première piste est un peu le mètre étalon de toutes les autres qui conservent les mêmes rythmes, mêmes tempi et mêmes structures vocales.
Ainsi, passés les trois premiers titres, on commence à préjuger du contenu des compositions dès les premières secondes. Southern Cross tente bien d’y incorporer quelques subtilités comme des chants criés à la Soilwork (« Open Scars » ou « Undisclosed »), des interludes calmes en son clair (« Weak And Sober » ou « Undisclosed ») et beaucoup de clavier sous la forme d’un piano omniprésent qui donne de la couleur (« Something Vile », « Whistle For The Dead » ou « Left For Dead »), mais rien ne vient contredire un sentiment de lassitude fort dommageable pour un groupe de musique progressive. Les parties instrumentales sont rares et, quand elles existent, demeurent anecdotiques. Le dernier morceau, « Left For Dead », relève un peu le niveau général mais ne sauve pas l’album à lui seul.
Les musiciens sont pourtant aguerris dans leur registre, possédant une maitrise de leur instrument respectifs. Il manque le petit plus qui fait la différence, à l’instar du guitariste qui lance des soli techniques mais sans âme ou du chanteur qui, s'il possède un bel organe, se cantonne trop souvent aux mêmes mélodies et intonations (exception faite lors de « Whistle For The Dead »).
L’ensemble de Down Below est d’une cohérence totale et d’un son proche de ce qui se fait le mieux en métal progressif. Mais ici la cohérence est synonyme de manque de prise de risque et de peu de variété dans les constructions. Pourtant Southern Cross prouve à plusieurs reprises sa capacité à inclure des breaks originaux. Pour résumer, il manque cette folie qui fait les grands albums de métal progressif. Ce début 2010 a vu l’essor des albums de Leprous, Ihsahn ou Myrath, et cela risque de faire beaucoup trop d’ombre aux Canadiens. Pour finir sur une note d’espoir, rappelons que ce n’est que le deuxième album des québécois et que l’avenir peut encore leur être radieux. C’est tout ce qu’on leur souhaite.