De deux choses l'une : soit vous connaissez Helloween et avez un recul conséquent sur l'ensemble de leur discographie, soit vous ne les connaissez pas et vous vous intéresserez logiquement à leur parution la plus récente. Dans ce dernier cas, je vous arrête tout de suite pour vous épargner cette longue tranche d'amertume. Filez plutôt écouter les premiers Keepers et faire le tri dans le reste grâce aux chroniques de mon collègue Noise. Je ne veux que les plus braves avec moi pour celle là.
Voilà, maintenant que nous sommes entre nous, venons en au fait : en jetant un petit regard en arrière, jusqu'en 2005, on remarque que Helloween a passé les trois quarts de son temps (trois albums sur quatre - live inclus) à recycler le joli concept des Keepers, auxquels ils doivent une bonne grosse partie de leur renommée. Après le double-album passéiste et le live hommage, voici le best of nostalgique puisque sept pistes sur onze - sans même compter l'évident 'Keeper's Trilogy' - renvoient directement aux deux albums de la fin des années 80.
Derrière ce nouvel objet, il y a un concept. Plutôt que de reprendre les pistes d'origine, le groupe a tout ré-enregistré et réarrangé. Du coup il n'est plus question de metal mais de pop, folk, big rock, voire musique de film avec des incursions d'instruments un peu exotiques (percussions, sax). Je suis peut-être naïf, mais j'ai envie de dire bravo. Bravo de tenter de garder ce contact avec les fans et bravo de mettre la main à la pâte. Car on pensera ce qu'on veut de ce disque (et j'y viens), il restera toujours dans la balance ce "mais au moins...". D'ailleurs j'y ai presque cru lorsque la sortie et le concept ont été annoncé.
Mais voilà, la bonne idée et la bonne volonté ne suffisent pas. Ce disque est profondément mauvais. Toutes les ré-interprétations tombent à plat, les idées ne sont pas exploitées (d'ailleurs c'est souvent à peine des idées) et on en vient à se demander si la répartition des instruments sur les pistes n'a pas été tirée aux dés. Seuls quelques moments surnagent : les choeurs du début de 'Future World', la partie finale de Keeper's Trilogy (et encore, par petite touches), et dans les jours d'extrême bonté, 'A Tale That Wasn't Right', uniquement pour les lignes de chants puisque les arrangements atteignent le zéro absolu sur cette dernière piste, comme l'accomplissement ultime d'une quête du néant entreprise sur tout le disque.
Pour le reste, l'interprétation est si plate, les fautes de goûts si fortes que je n'entreprendrai pas de les lister. Focalisons nous simplement sur mon plus gros espoir du disque : le medley des trois suites historiques du groupe, avec rien de moins que l'orchestre philharmonique de Prague. Les possibilités étaient immenses, mais ici des orchestrations faiblardes engluent le punch des chansons originales, peinant à retranscrire les mélodies catchy d'origine et les transitions sont toutes tirées par les cheveux.
Je n'ai pas le cœur d'en dire plus. Impossible d'en vouloir au groupe qui a sans doute agi en toute bonne foi. Cette chose n'est pas un album et ne remplit évidemment pas les exigences d'un best-of. Malgré toute la sympathie qu'on peut avoir pour le groupe et sa démarche, l'objet a plus sa place dans un Happy Meal que dans un bac à disques.