"Cavalcade" est le déjà neuvième album des Finlandais de Catamenia. Le groupe, formé en 1995, n’a jamais chômé depuis la sortie de son premier album en 1998 et ceci malgré de très nombreux changements de line-up. Ce sont en effet pas moins de 20 musiciens, dont trois chanteurs, qui se sont succédés dans le groupe, ne laissant que le guitariste Riku Hopeakoski comme membre d’origine. Musicalement Catamenia a aussi beaucoup évolué depuis ses débuts. Il proposait au départ un black métal symphonique typiquement nordique, dans la lignée d’un Dimmu Borgir, pour arriver à présent à un heavy métal plus traditionnel mais toujours teinté ici et là de passages black métal dans l’esprit d’un Children Of Bodom. Le tout amène logiquement de nombreuses alternances entre chant clair et chant death black, et laisse pas mal de places aux harmonies vocales. Cette recette fonctionne depuis l’arrivée dans le groupe de Kari Vahakuopus au poste de vocaliste avec le précédent album "VIII: The Time Unchained" sorti en 2008.
Le résultat est assez sympathique même si pas foncièrement très original et parfois un peu répétitif, notamment en fin de disque. Le mélange fonctionne en tout cas très bien dans la première partie de l’album avec en particulier un excellent "Blood Trails" introductif qui voit la participation de l’ancien chanteur de Sentenced, Ville Laihiala, sur le refrain. La voix de ce dernier, toujours aussi envoûtante et gothique, apporte un gros plus à ce très bon titre, puissant et mélodique, avec un chant black efficace et des soli bien dans la tradition du métal classique, rapides et mélodiques dans l’esprit d’un Iron Maiden. La suite est, dans un premier temps, de très bonne qualité. Il y a par exemple "Calvacade", un titre mid tempo taillé pour cartonner avec alternance de chants, le clair évoquant Amorphis avec cet aspect folk et épique, le tout sur une musique heavy mélodique très entraînante. Nous citerons également le furieux "The Path That Lies Behind Me", plus black métal dans l’esprit même si le chant clair vient apporter une petite touche de douceur, ou" Silence", dans un esprit plus glacial et lent qui fonctionne encore très bien.
Malheureusement, l’album s’enlise petit à petit dans la routine, comme si Catamenia avait placé toute son inspiration en début de disque pour ensuite finir l’album à la va vite. Les titres ne sont pas mauvais mais juste assez banals, appliquant à la lettre une recette efficace mais maintes fois entendue dans le genre. De "Quantity Of Sadness" à "Post Mortem", en passant par "A Callous Mind", le schéma est toujours le même, à savoir un début furieux avec vocaux black, avant une accalmie dotée d'un riff plus mélodique et de voix claire. Et si la formule fonctionnait bien au début, la lassitude s'intensifie. De plus, l’ombre d’Amorphis est très forte et un peu gênante sur la longueur. "The Vulture’s Feast" en est le meilleur exemple tant il sonne comme un morceau du groupe finlandais mixé à la face gothique de Sentenced. L’album se termine par une reprise d’"Angry Again" de Megadeth. Celle-ci est assez réussie, le morceau étant un tube par excellence, mais n’apporte rien de neuf tant elle colle à l’originale.
Ce "Cavalcade" est donc au final une semi réussite. Le groupe a visiblement des armes pour faire bien, mais qu’il se contente bien souvent d’appliquer sa recette et de coller à une certaine mode de heavy black mélodique. Si Catamenia veux enfin percer auprès d’un grand auditoire, il lui faudra faire bien mieux et plus original, et aussi sans doute prendre plus son temps entre deux sorties pour affiner ses compositions.