Branché depuis la région d’Amsterdam, Semi Stereo diffuse depuis quelques années ce qu’ils expliquent eux-mêmes comme étant un « post-rock alternatif lourd avec des nuances progressives ». Et avec ce premier « Welcome, You Knight », on peut dire que Semi Stereo est doublement inspiré. Cette phrase aura pu faire aussi office de conclusion mais elle résume d’emblée ce que représente la formation néerlandaise.
D’abord Semi Stereo est inspiré notamment par deux habitués d’un rock plutôt complexe et nébuleux, la filiation se trouvant quelque part entre Oceansize et A Perfect Circle, entre les mélodies post-rock alambiquées du premier et l’atmosphère plutôt sombre du deuxième. Des influences fortes mais aussi largement digérées qui forment l’un des traits dominants de « Welcome, You Knight ». Que se soit dans les passages les plus musclés, lorsque la musique prend des trajectoires des plus sinueuses ou amène vers un certain calme contemplatif, l’ombre de leurs mentors reste présente et tenace, tout comme, bien que moins affirmée, celle de The Mars Volta ou de Red Sparowes. La nerveuse « Bears and Potatoes » rappelle par exemple au bon souvenir de « The Charm Offensive » d’Everyone Into Position tout autant que « An Apology » débute sous les apparats électro de « New Pin » du même album. Contre toute attente pourtant, et malgré la rencontre de toutes ces références, le mélange des genres donne heureusement naissance à un son propre au combo, accentué d’ailleurs par le chant très particulier et expressif de Martijn Weyburg.
Mais si Semi Stereo est inspiré, c’est aussi que ce deuxième album est tout bonnement une réussite. Les montées en puissance progressives installées par un duo voire un trio de guitares et cadencées par les fûts de Van de Graaf (« Bare ») donnent en effet naissance à six long chapitres intenses, tantôt brumeux et inquiétants, tantôt libérant une certaine dose d’énergie salvatrice. Entre structures bigarrées et mélodies plus vibrantes, le combo manie savamment les éléments retenus par Oceansize pour leur compositions et peut ainsi prétendre à devenir un suppléant de qualité des Mancuniens.
Sur une longueur d’onde dépassant tout juste les quarante minutes, Semi Stereo affiche sur ce premier opus un savoir-faire encourageant pour le futur. Il est à parier qu’avec une touche qui leur est propre, cette petite crise identitaire puisse être surpassée au profit d’une œuvre vraiment personnelle et tout autant séduisante.