En 2006 sortait le premier essai de The Aurora Project intitulé "Unspoken Words". Notre cher Struck concluait à l'époque son appréciation dudit album par ceci : "gageons qu’au regard des qualités indéniables entrevues sur cet opus et en espérant que les Hollandais se concentrent plus sur le fond (la musique) que sur la forme (le concept indigeste), The Aurora Project pourrait bien faire partie des groupes à suivre dans le milieu progressif…". Voici une conclusion que je partage entièrement. Presque quatre années plus tard nous arrive leur second opus, "The Shadow Border". Alors ? Le fond ou la forme ?
C'est évident dès la première écoute, on prend les mêmes et on ne recommence pas ! Point de concept album mais sept plages dont une culmine à 16 minutes 30. "Human Gateway" ouvre le bal de manière bien inquiétante avant que la voix de Dennis Binnekade ne se pose délicatement sur les premiers accords acoustiques. S'agit-il du même Dennis que sur le premier essai ? Quelle progression ! Le chant est, et sera, excellent tout au long de l'album, proche par moments de Vincent Cavanagh d'Anathema. Voici une entrée en matière alléchante et bien pêchue. Nos Hollandais savent faire monter la sauce, mélangeant allégrement leurs influences telles Riverside, IQ et Arena. "The Trial" est un essai transformé. Nous y retrouvons tous les ingrédients qui font un bon morceau néo-progressif. L'emphase du chant y est prépondérante. S'ensuit "Photonic Reunion", obédience au style néo. Difficile de rester insensible à ces 4 minutes 30 qui revisitent à merveille ce qui se faisait de mieux dans le style progressif au début des années 80, Marillion et Pendragon en tête. "The Confession" sera logiquement moins léger, plus sombre et plus typé Riverside, pour ma part la faiblesse de cette oeuvre... Mais ne dit-on pas : "faute avouée est à moitié pardonné" ?
Nous avons déjà abordé pas mal d'influences Ô combien importantes du rock, alors continuons de rêver... "Another Dream" débute tel Pink Floyd période "Division Bell" ou RPWL pour nous rajeunir quelque peu, avant de nous surprendre en prenant une tournure Pallas; déroulez le tapis rouge ! "Within The Realms" est sans conteste le morceau labellisé Porcupine Tree : basse typée Colin Edwin, rythmique Harrisonienne, gimmicks Wilsoniens, tout y est pour un minitrip taille 34. L'étape finale sera plus longue, "Shadow Border" s'étalant sur plus de 16 minutes. Morceau éponyme, se faisant en quelque sorte la synthèse de toutes les influences découvertes à l'écoute de cet opus. Là encore, durant les premières minutes, il sera difficile de ne pas songer à la bande à Wilson sans que cela ne paraisse être un copier/coller, avant de rebondir à nouveau dans un long passage néo qu'ils maîtrisent parfaitement.
Alors me direz-vous, le fond ou la forme ? Je répondrai et conclurai par le slogan " A fond la forme ! ".