Première signature d'un groupe brésilien par Frontiers Records, Auras est une nouvelle formation dont le style AOR/Hard FM rappelle immanquablement le Journey des années 80. Difficile de ne pas faire la comparaison, surtout lorsque la voix de son chanteur et membre fondateur, Gui Oliver, est aussi proche de celle de Steve Perry, quoique plus claire. Douze morceaux calibrés pour les radios FM d'une certaine époque (oh, un peu longs peut-être lorsqu'on atteint les 5 minutes !), mais dans un style qu'elles méprisent ouvertement aujourd'hui. Auras est, pour l'instant, un trio (Oliver, Lacerda et Sallum) soutenu par deux musiciens complémentaires (Vieira et Brandon). Nulle mention de celui qui joue les claviers, alors qu'il y en a de toute évidence sur tous les morceaux - il faut le faire ! Le groupe devrait se forger une réputation éminemment sympathique auprès de ceux qui ont apprécié et apprécient toujours des albums comme "Frontiers" et "Raised On Radio" de Journey, ou ceux du Survivor de la même époque.
Les claviers sont présents, avec un rôle orchestral prépondérant, ainsi que pas mal de piano. Les guitares sont quant à elle assez banales. En fait, leur rôle est souvent assez simple. D'ailleurs, et c'est là que la différence avec Journey se fait sentir, les morceaux de "New Generation" sont tous un peu coulés dans le même moule sonore : nappes de synthés bien claires et accords archi-classiques, guitare rythmique aux riffs simplistes, sur lesquelles se superposent une partie lead plus mélodique, quelques harmonies, des rythmes plutôt linéaires et sautillants. Ca fait plaisir d'entendre parfois un petit peu de piano plus rock (comme pendant quelques secondes sur "Forgive And Forget"), histoire de dire que l'on ne fait pas que dans le "Hard-Rock pour minettes"... Il y a aussi quelques petites boucles rythmiques et sons modernes aux synthés. "That's The Way Love Goes" prend des teintes latines marquées avec des éléments rock... un titre pas franchement indispensable. Côté guitare, Ferpa Lacerda, quoique non dénué de talent, n'a pas le lyrisme et le son aussi pur qu'énorme de Neal Schon, et délivre les parties solistes avec beaucoup de parcimonie, ce qui est dommage. Par contre, Auras ne fait pas dans la mollesse : il y a très peu de vraies ballades (des slows comme on disait dans les années 80 !). Beaucoup de tempos moyens, voire rapides, avec parfois des couplets, des pré-refrains ou un pont mélodique plus calmes.
Au final, les reproches que l'on pourra faire à Auras sont assez évidents. En 1986, on reprochait à Journey de produire une musique sans relief, aseptisée et manquant de feeling. Pour qui écoutait attentivement, ce n'était pas exact. Mais ce "New Generation" est sans doute plus uniforme que ne l'étaient "Frontiers" ou même "Raised On Radio". Bien que Auras soit un groupe doué, avec un bon chanteur et des compositions réussies, très mélodiques, la sensation de déjà-entendu couplée à une certaine uniformité pourra en décevoir plus d'un. Tout dépend de l'état d'esprit avec lequel vous aborderez "New Generation". Auras ne prétend rien révolutionner après tout, et les mélodies sont les leurs, pas des plagiats. Si j'étais Serafino Perugino (le patron de Frontiers Records), j'aurais demandé au groupe de varier un peu plus les arrangements, de les rendre moins passe-partout. Mais bon, je ne suis qu'un humble chroniqueur, qui a passé un bon moment à l'écoute répétée de ce premier disque de Auras, un groupe doté d'un potentiel certain mais dont on attend plus d'originalité au prochain opus.