"Collision Course (Paradox II)" avait été témoin, en 2008, d’une hémorragie de musiciens chez les Danois de Royal Hunt. En effet, 3/5 de l’effectif avait alors tiré leur révérence. Seul André Andersen, l’homme au clavier, la tête pensante du combo, le seul survivant des origines et Allen Sorensen, le marteleur de fûts, avaient résisté à l’époque post – "Eye Witness" l’album précédant de 2003. Pour ce dixième album, appelé fort opportunément "X" le combo de la Chasse Royale a stabilisé ses flux migratoires, seul le bassiste Per Schelander ayant rompu à la tradition du mercato compulsif Royal Huntien en débarquant chez Pain Of Salvation. Pour le remplacer voici venir Andreas Passmark (ex-Narnia) un quatre-cordiste ayant travaillé avec Bo Martin Erik Eriksson (E-Type) et Bob Rock.
Alors, ce "X" vaut-il un 10 ?...question pertinente mes chers amis, Royal Hunt étant, en ce qui me concerne, le groupe de Hard-Rock le plus « classe » de la planète Métal. Cette vérité assénée provient-elle de la limpidité de leurs sonorités, des voix qui y ont tenu le micro (DC Cooper, John West et Marc Boals aujourd’hui, excusez du peu), de la chatoyance de leurs mélodies grandiloquentes symphonico-épico-théâtrales, du nom du groupe en lui-même (Royal Hunt tout de même, ça ondule un peu plus du panache qu’Anthrax) ? Certainement un peu pour toutes ces raisons. Alors, quand ce "X" est arrivé sur ma platine, j’ai ressorti mon déguisement de Christian Fletcher (ben oui, pour moi la classe, c’est Clark Gable ou Mel Gibson dans « les Révoltés du Bounty ») et j’ai embarqué à bord du quatre mats qui orne la superbe pochette de ce petit bijou qu’est ce nouvel album de la bande à Andersen.
Un petit bijou en effet, tant cet album est la meilleure production de Royal Hunt depuis "Fear" il y a quasiment une décennie. Cet opus est bien plus varié que ses prédécesseurs, point ici de redondance néo-classique, de prétentieuses envolées de claviers à tout va, ici, tout est en habile parcimonie, en touché finement mesuré. "X" est en effet un album de Hard Rock qui va certainement faire l’unanimité dans notre microcosme car il fait preuve d’un dosage savant de tous les éléments qui font plaisir aux mélomanes que nous sommes.
Ce disque comporte en effet des passages d’emphase monumentaux, des riffs de clairvoyants du manche et des solos d’une beauté cristalline, des instants de piano beaux à larmoyer et de synthé à replonger dans les 70’s tout habillé. Des mélodies à proposer pour les dix prochaines superproductions cinématographiques quel que soit leur genre, des chœurs masculins et féminins à vous mettre à genoux, des sons de basse à décrocher des vivas de Steve Harris, de Geddy Lee et de Phil Lynott réunis. Des frappes de batterie à assommer un buffle ou à donner le tournis à un derviche. Bref, ça pulse, ça clinque, ça magnifie, ça booste, ça caresse et ça tonitrue à tour de rôle et en même temps. Epuisant vous dis-je !
Je ne vous citerai aucun titre car cet album est magnifique du début à la fin. Que vous soyez d’obédience Néo-Classique, Prog, Hard, Mélo, Métal ou Sympho, vous adhérerez, c’est promis. Car il suffit juste en effet que vous aimiez tout simplement le Rock et cela suffira amplement pour apprécier cette œuvre à écouter et à réécouter, car plus vous remettrez sur la platine ce cataclysme mélodieux, plus vous le trouverez…classe !