ARTISTE:

PEARL JAM

(ETATS UNIS)
TITRE:

NO CODE

(1996)
LABEL:

EPIC

GENRE:

ROCK

TAGS:
Intimiste
""
NESTOR (11.03.2010)  
3/5
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Après les sessions quelque peu confuses qui avaient permis à PEARL JAM de sortir un « Vitalogy » assez chaotique, le groupe nous revient en 1996 avec un nouveau recueil de 13 chansons toujours aussi varié, mais bien mieux maitrisé. Une fois encore, l’enregistrement de ce 4ème album a eu lieu dans des conditions assez… sportives. Le bassiste Jeff Ament n’est informé de l’enregistrement du disque que 3 jours après le début de celui-ci. Il envisagera d’ailleurs d’abandonner le groupe du fait de la mainmise toujours grandissante du chanteur Eddie Vedder sur la partie artistique. Le groupe ne parvient à éviter l’explosion que grâce au rôle de médiateur qu’adopte le nouveau batteur, Jack Irons. Ironie du sort, celui-ci quittera PEARL JAM peu de temps après, à la fois pour des problèmes de santé mais également en indiquant qu’il ne trouvait aucun plaisir à faire partie d’un groupe aussi conflictuel.

Mais ces conditions d’enregistrement ne semblent pas avoir bridé la fécondité du groupe. Sans aller jusqu’à dire que les tensions internes sont un des moteurs de la créativité au sein de PEARL JAM, on ne peut que constater que ces derniers nous proposent, comme cela avait été le cas avec « Vitalogy », un album très riche. La différence essentielle réside dans le fait qu’ici, les chansons sont plus équilibrées, un peu moins organiques. Malgré cela, l’ensemble parait tout aussi hétérogène et manque encore singulièrement de cohésion. Les titres, bien souvent de très bonne qualité, s’enchainent sans liant et sans cohésion. Ils sont pour la plupart nés de jam sessions lors de la tournée exténuante que le groupe a donné et l’on sent qu'il manque la dernière petite touche, celle qui aurait permis à tous les titres d’acquérir une patine commune. Ce rôle incombe généralement à Vedder, qui est le « finisseur » attitré du groupe, celui qui peaufine les morceaux, Mais selon Jeff Ament, le chanteur de PEARL JAM était tellement « cramé » à cette période que la tâche s’est avérée trop importante pour lui.

De fait ce « No Code » est un disque un peu bancal, mais qui possède un pouvoir d’attraction très fort, notamment du fait de titres d’excellente facture. Parmi ceux-ci, on peut citer le très Rock « Hail, Hail » et le très pêchu, « Lukin » qui évoque les harcèlements dont Vedder aurait été la cible ou les sublimes et majestueux « Sometimes » et « Off He Goes », qui déploient de magnifiques harmonies. Dans ce dernier titre, Vedder, avec un recul peu commun chez lui, évoque ses piètres qualités relationnelles et sa faible propension à devenir un ami fiable. Citons également « Smile » et son harmonica du meilleur effet, ou bien « Red Mosquito » qui est inspiré de l’anecdote qui vit le groupe écourter un concert à San Francisco, suite à une intoxication alimentaire de leur chanteur.

À côté de cela, on trouve des morceaux qui peinent à se trouver une place dans ce disque. Il en va ainsi de « I’m Open », une sorte de « spoken word » planant rompant le charme qui peinait déjà à s’établir, également de « Mankind », le premier titre de PEARL JAM dont les paroles ne sont pas écrites par Vedder mais par Stone Gossard, qui assure également les vocaux sur ce titre ou bien du folkisant « Who you Are ». Des morceaux tels que « In My Tree » ou « Habit » font offices de sympathiques bouche-trous.

Un peu comme « Vitalogy », si ce « No Code » n’est pas essentiel, il n’en demeure pas moins un album plus que correct qui comporte d’excellentes chansons. Pour le groupe, ce disque sera un de ceux qui se vendra le moins bien (il atteindra tout de même la première place des charts et s’écoulera à plus de 1.4 millions d’exemplaires aux USA). La raison est certainement à chercher de deux côtés : tout d’abord le groupe poursuit la démarche initiée avec « Vitalogy », en s’éloignant du style plus policé et accessible de leurs débuts. D’autre part, PEARL JAM s’engage alors dans une démarche que l’on pourrait qualifier d’anti-commerciale. Le nom du groupe et de l’album ne sont pas mentionnés sur la pochette de l’album (ce sera le cas avec les rééditions) et la promotion est quasi inexistante, car le groupe refuse d’utiliser le support télévisuel, et se lance dans un boycott de Ticketmaster, l’acteur monopolistique de la vente de billets de concert aux USA, ce qui a pour conséquence de réduire à peau de chagrin la tournée prévue pour soutenir « No Code ».

Le packaging de ce disque est intéressant. La pochette, le verso de celle-ci et les 2 rabats intérieurs sont tous constitués d'un carré de 6 par 6 photos polaroïds. Ainsi, en dépliant la pochette on peut obtenir un carré de 144 photos polaroïds. Ces photos ont été prises par les membres du groupe, et représentent des sujets très variés (le pied d’Eddie Vedder suite à une piqure de bestiole, l’œil du basketteur Dennis Rodman, des œuvres d'art…). Avec du recul, on aperçoit un triangle avec en son centre un œil. C’est un symbole ésotérique appelé l’Œil de la Providence qui est généralement interprété comme la représentation de l'œil de Dieu exerçant sa surveillance sur l'Humanité (« Mankind »). Le groupe a par ailleurs édité quatre versions différentes de No Code (appelées respectivement version C, O, D et E) qui comportent des photos différentes. Pour savoir quelle version vous possédez, il faut regarder dans la bande blanche sous les paroles des chansons : il y a un numéro à 11 chiffres suivi d'un trait, d'un chiffre et d'une lettre (le C, le O, le D ou le E). Un débat existe concernant le nombre de polaroids différents existants. À priori il y en a 9 par version, soit un total de 36. Mais du fait de l’utilisation de photos en double, le nombre serait inférieur à cela. Enfin, pour certains, les polaroids seraient disposés au hasard, et il existerait donc une infinité de pochettes différentes…

Loin d’être un incontournable, ce disque est tout de même un bon album de transition, émanant d’un groupe qui, confronté à un succès trop soudain et à des personnalités difficiles, n’arrive pas encore à exploiter toute la dimension de son talent.


Plus d'information sur http://www.pearljam.com/





LISTE DES PISTES:
01. Sometimes - 02:40
02. Hail, Hail - 03:41
03. Who You Are - 03:50
04. In My Tree - 03:59
05. Smile - 03:52
06. Off He Goes - 06:02
07. Habit - 03:35
08. Red Mosquito - 04:03
09. Lukin - 01:02
10. Present Tense - 05:46
11. Mankind - 03:28
12. I'm Open - 02:57
13. Around The Bend - 04:35

FORMATION:
Eddie Vedder: Chant / Guitares
Jack Irons: Batterie
Jeff Ament: Basse
Mike McGready: Guitares
Stone Gossard: Chant / Guitares
   
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