Pour les historiens du néo-prog à la sauce batave, PBII, qui publie ici son premier album, n'est pourtant pas un groupe inconnu, puisqu'il succède au défunt Plackband, groupe déjà ancien et auteur de deux albums studio au début des années 2000, passés globalement inaperçus dans le foisonnement de cette scène aux Pays-Bas.
Début 2008, 3 membres de ce défunt groupe décident de reprendre l'aventure en s'adjoignant les services d'un nouveau bassiste, tout en souhaitant donner une nouvelle orientation musicale au groupe.
Plastic Soup est donc le fruit attendu depuis 2 ans de cette nouvelle mouture qui, à l'instar de son prédécesseur, va tout de même évoluer dans un univers majoritairement néo-progressif.
Et effectivement, à l'écoute de Book Of Changes, difficile de renier les racines et l'appartenance à la scène "locale". Durant les 8'30 de cette première plage, tous les standards du néo sont déclinés : claviers aux sonorités modernes et cristallines, soli savoureux de guitare, mélodie percutante, et des références plus que visibles. On pense notamment à Marillion période "Season's End", ou encore à Arena ou Edgon Heath … Rien de bien neuf, mais le tout est tellement bien réalisé que le plaisir d'écoute en est immédiat.
Et puis, petit à petit, au fil des plages, PBII fait évoluer son propos de base et s'aventure dans des univers plus ardus, moins balisés et en tout cas beaucoup plus personnels.
C'est ainsi que le percutant In The Arms Of A Gemini introduit un style résolument moderne, aux sonorités trafiquées juste ce qu'il faut, le tout soutenu par une basse alerte. Celle-ci est également fortement mise en valeur dans Criticize.
Le métal est également de la partie, et même si ce n'est pas forcément dans ces passages que votre serviteur y trouve le plus de plaisir, il est intéressant de noter la (légère) prise de risque du groupe, cherchant à sortir régulièrement des sentiers battus et rebattus du néo. Et c'est ainsi que des influences world et jazz viennent se glisser dans des compositions comme Fata Morgana et son propos orientalisant, ou encore l'ovni Ladrillo et sa guitare andalouse, dont on peine toutefois à comprendre sa place dans le propos global.
Alors certes, PBII nous fournit également quelques passages plus caricaturaux, telle cette première partie de Living By The Dice, pâle imitation genesienne durant 3'30 … mais c'est pour mieux rebondir dans la suite du morceau avec une montée en puissance et une mélodie jubilatoires.
Largement supérieur aux productions de la première version du groupe, Plastic Soup nous présente un groupe qui tente de dépoussiérer le néo-prog en lui insufflant une bonne dose de modernité, tout en en conservant les bases et les références. A l'opposé de leurs compatriotes de Flamborough Head ou Leap Day qui se complaisent trop souvent dans une unité de style lassante, PBII ose sortir des sentiers battus, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est franchement convaincant.