Berlin, 31 décembre 1999, quelques instants avant le passage tant attendu à l'an 2000, 500 000 personnes sont réunies autour de la colonne de la Victoire, pour assister à une performance artistique intitulée Art In Heaven, spectacle mêlant jeux de lumières, pyrotechnie - sous la houlette d'un certain Gert Hof- et musique de Mike Oldfield, lequel cherchait pour l'occasion un site prestigieux pour présenter sa dernière production, The Millenium Bell, dernière référence avouée (voir l'interview proposée en bonus) aux cloches qui ont jalonné sa carrière avant de tourner la page du millénaire.
Pour attendre l'événement, notre britannique préféré va faire patienter la foule avec un concert plus traditionnel, découpé en deux parties.
La première reprend quelques tubes que je ne ferai à personne l'offense de présenter. Les versions proposées ici sont bien entendu modernisées, et pas toujours à leur avantage. Ainsi, le délicat Portsmouth voit ses flûtes remplacées par un affreux sample de synthé, et aux percussions celtiques originales se substituent un duo batterie/percussion totalement lourdingue. De même, les deux chanteuses peinent parfois à faire oublier la divine Maggie Reilly. Mais globalement, la performance reste plutôt honnête, malgré un Shadow On The Wall qui passe vraiment mal avec une voix féminine.
La seule chose que les organisateurs ont oublié, c'est qu'en décembre à Berlin, il fait plutôt frisquet … et du coup, les instrumentistes se retrouvent à jouer avec moult chapkas, écharpes ou gants (au clavier, si si !) et nos artistes frigorifiés, Mike en tête, ont un peu de mal à se lâcher.
Ce léger désagrément sera toutefois gommé dans la seconde partie, laquelle propose la quasi-totalité de l'album paru quelques jours auparavant, la section rock étant accompagnée désormais d'un chœur et d'un orchestre symphonique. Et si nos interprètes sont maintenant réchauffés, leur bonne volonté va malheureusement pâtir de la qualité des titres joués. The Millenium Bell n'est pas un album désagréable … il est tout simplement d'un intérêt très limité, et les compositions tournent rapidement en rond (voir notre chronique à ce sujet).
Et ceci est plus particulièrement vrai en live, à l'image de Sunlight et son démarrage interminable, ou encore de Mastermind pendant lequel la pauvre Pepsi De Macque tente en vain de réchauffer le public … performance peu aisée quand on n'a qu'un mot à prononcer toutes les minutes ! De même, on reste quelque peu dubitatif devant certains passages visiblement en play-back (par exemple, Pepsi De Macque mimant au micro les textes dits par le fils de Mike Oldfield et directement extraits de l'album !), frisant le mauvais goût !
La débauche de moyens mis en œuvre pour la performance permet tout de même de maintenir quelque peu l'intérêt du spectateur, et ce malgré les changements incessants de plan du réalisateur, ne proposant que rarement des vues d'ensemble, ou encore d'images au ralenti des musiciens qui se retrouvent déphasés par rapport à la musique.
Côté audio, les performances ont été retravaillées comme il faut, surtout au niveau vocal (cherchez un peu sur YouTube des enregistrements "amateurs", vous pourrez constater à quel point certaines chanteuses ont du mal avec la justesse !), Mike Oldfield laissant traîner comme à son habitude sur ce genre de produits quelques pains de guitare, qui le rendent tout de même bien humain ! A noter également une version Dolby 5.1.
Passé le compte à rebours nous emmenant jusqu'à minuit, place ensuite à LA performance Art In Heaven : un ballet incroyable de lumière et de pyrotechnie, accompagné par de la musique inédite de Mike Oldfield, et se terminant par un Hymne à la Joie européen que les puristes amateurs de Beethoven apprécieront à sa juste valeur ...
Du côté des bonus, une interview intéressante de Mike Oldfield, judicieusement sous-titrée dans plusieurs langues dont le français, et qui nous éclaire sur son dernier album et l'événement berlinois … mais pourquoi tronquer ce document au bout de 5 minutes ?
Le making-of du 31 décembre propose sur 4 minutes quelques vues de la mise en place … totalement sans intérêt.
Au final, ce DVD nous laisse sur notre faim, tant par la qualité toute relative de la musique proposée, que par sa durée et les bonus proposés, tandis que la performance lumineuse de Gert Hof, probablement grandiose in situ, n'est que partiellement rendue par un format petit écran, ce qui minimise ici son intérêt.
NB : ce DVD est proposé en version coffret, avec les 1ères performances live de "Tubular Bells II et III", ainsi que la version DVD audio de "Tubular Bells 2003". C'est bien entendu dans ce format qu'il présente un léger intérêt.