Persefone est un groupe fondé en 2003, qui nous vient de ce tout petit pays enclavé entre la France et l'Espagne. Et en cette année 2010, les Andorrans nous offre leur troisième album "Shin-Ken" produit en avril 2009 aux studios Jailhouse Studios par Tommy Hansen (Helloween, Manticora, Wastefall etc.). Cette fois-ci Persefone nous propose un album concept basé sur des histoires guerrières du Japon ancien, d'où l'artwork typiquement nippon.
Persefone n'hésitait pas à décrire son précédent album, "Core" comme l'atteinte d'un nouveau et haut niveau mélodique, de complexité, d'originalité, de virtuosité et d'agressivité. Autant d'éléments descriptifs qui trouvent à s'appliquer à ce nouvel album. En effet, les Andorrans pratiquent une musique complexe difficilement qualifiable. Et évoquer simplement du death métal mélodique et progressif est un peu réducteur et ne serait pas totalement rendre justice à la conjugaison des talents d'instrumentistes qui composent ce groupe.
Bien sûr, pas de doute possible: Persefone est bien un groupe de death-métal progressif. Mais là où le groupe tire toute son originalité, c'est dans la pratique du brassage de styles au sein d'un même morceau. Ils sont pour l'essentiel composés de beaucoup de métal progressif classique et de death métal avec des emprunts, plus ou moins importants selon les titres, au métalcore et au black métal. Une sorte de mélange improbable entre au choix Suspyre, Opeth, Esqarial, Becoming The Archetype, Antogonist et Necrophobic. Difficile de décrire avec exactitude ce tourbillon de sonorités musicales, d'autant que le groupe s'amuse à brouiller les pistes. "Purity" est un titre sorti de nulle part et bizarrement de rock progressif. Persefone y va même de ses fugaces touches "jazzy" comme sur "Rage Stained Blade" ou l'instrumental "The Wind Book".
Les compositions, pour le moins architecturalement alambiquées, sont d'une vraie richesse auditive, avec des titres valant leur pesant d'or comme "Fall To Rise", "Death Before Dishonour", "The Endless Path" ou "Rusagani". Cet album est une pure merveille de créativité où fusent les riffs et mélodies de guitares et de claviers et où se relaient, au gré des humeurs du groupe, voix claires, chant death et chant black. D'ailleurs, petite précision qui a son importance pour les réfractaires au genre, la plus grande partie des lignes vocales est typée black métal.
Persefone aime jouer sur les contrastes dans presque toutes ses compositions et n'hésite pas à mêler des titres qui secouent comme "Rage Stained Blade" ou "Shin-Ken Part I" avec des titres tout à fait calmes comme "Shin-Ken Part II" ou ce titre de rock progressif "Purity" déjà évoqué plus haut. D'ailleurs là où, à mon sens, le bât blesse dans cet album, c'est le grand nombre d'interludes ou ce titre "Purity". S'ils constituent indéniablement une richesse supplémentaire à la variété du propos musical de Persefone, ils n'en demeurent pas moins sa faiblesse majeure. En effet, les titres manquent parfois entre eux d'une certaine cohésion, de ce petit liant fédérateur. Ce manque est tout à fait flagrant dans l'enchaînement entre "The Endless Path" et "Rage Stained Blade". De même, les trois derniers titres, en dépit de leur appréciable beauté, concluent cet album d'une drôle de manière, un peu trop molle par rapport au reste du disque. A trop se disperser, cet album n'apparaît, au final, pas très homogène.
En dépit de ces bémols, "Shin-Ken" est assurément un album à découvrir. De fait, pour bien décrire la musique de Persefone, il faudrait presque décomposer tous les titres un par un. Alors le mieux c'est encore d'y jeter une oreille attentive pour se faire une idée. En tous cas, comme le dit si bien Persefone, sa musique innovante est faite avant tout pour les auditeurs larges d'esprit. Pour les amateurs de musique complexe, technique, originale, à la fois agressive et mélodique.