TRONCKH est un jeune groupe originaire de la région de Boulogne sur Mer qui n’a jusqu’à présent fait parler de lui que par l’intermédiaire de plusieurs démos, d’un album (le bien nommé « L'empire Contre Un Packh ») et de nombreux concerts. Ils viennent de sortir leur second album, « Freak And Hell », une marmite de laquelle on peut sortir une mixture à la composition plus que variée. Parmi les ingrédients utilisés se distinguent de larges pincées de Hard Core, de Rock ou de Punk, le tout assaisonné d’une basse claquante et omniprésente et surtout d’une recherche permanente de la dérision, de l’humour et du grotesque.
Car, que ce soit au travers de ses paroles ou de sa musique, TRONCKH n’a de cesse de choisir la voie tordue et déjantée d’une musique difficilement classable mais hautement instable. A l’instar d’un mélange explosif à la formule artisanale encore à l’état d’ébauche, les nordistes distillent une fusion musicale qui ne semble avoir d’autres objectifs que de partir dans tous les sens en s’affranchissant des règles de bienséance.
Malheureusement, si le groupe se montre parfois assez impressionnant au niveau technique, notamment dans le cas de la section rythmique (« Jungle »), et n’hésite pas à utiliser des sonorités assez originales, bien souvent par le biais de la guitare (« Casus Belli », « Evangelista »), l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous. Et de fait, trop de morceaux sont dispensables, tels « Casus Beli » ou la potacherie « I Gueneli », lorsqu’ils ne sont pas totalement inutiles, à l'image de l’intermède « Deglintronckh ».
L’excellente interprétation des musiciens ne parvient pas à sauver le disque de la banalité et de la linéarité des vocaux (qui de plus se révèlent bien trop fréquemment incompréhensibles), et de compositions qui manquent singulièrement de concision et d'efficacité. Le groupe se frotte à l’esprit de MR BUNGLE et de LOFOFORA, mais il lui manque encore le génie des premiers et la rage des seconds pour parvenir à réellement impressionner. Enfin, plus qu'un manque de génie ou de rage, domine surtout le sentiment que le groupe se perd un peu dans le seul objectif qu’il semble s’être assigné : paraître « déglingo », comme ils se plaisent à le répéter. D'où l'impression qu'ils en viennent à oublier l’essentiel : l’efficacité des morceaux.
C’est dommage car le potentiel technique des musiciens et leur capacité à proposer une musique originale pouvaient laisser espérer un résultat bien plus abouti, comme c’est le cas avec le maritime et très bon « Debandade » qui représente ce dont le groupe est capable lorsqu’il se montre un peu plus structuré. Cet album un peu brouillon manque la cible à vouloir trop jouer la carte du "contrepied", mais montre de belles qualités musicales. A suivre donc.