«De profundis clamavi ad te, Domine », (Des profondeurs, je crie vers Toi, Seigneur), cette entame du livre des Psaumes rend assez mal compte de la musique du groupe.
En effet, celui-ci propose un mix de Black Metal et de Death Metal empreint de lourdes influences Doom (« The Mourner ») et Progressive (du progressif bien plus dans l’esprit d’ORPHANED LAND que de GENESIS). Il ne faut donc pas s’attendre à embrasser le Seigneur au travers de chants liturgiques et autres psalmodies à l'unisson, mais bien à se confronter à un chant d’une noirceur totale et une rythmique d’une lourdeur de plomb.
Au travers de morceaux très longs (6 des 8 titres durent plus de 8 minutes) DE PROFUNDIS nous plonge dans la noirceur de sa musique avec des compositions bénéficiant, de manière ironique, d’une production exceptionnelle de clarté et d’une interprétation de très haut niveau.
Le groupe a visiblement énormément travaillé sur la structure des morceaux en ayant à cœur de combiner avec bonheur les ambiances et les thèmes musicaux. Ainsi, « Cold Is The Grave » est un parfait exemple de brutalité froide typiquement « Black » et de passages bien plus groovy dus en grande partie à une basse des plus surprenantes pour ce style musical.
Il n’en va pas autant de la voix monocorde d’un Craig Land qui, s’il se montre très à l’aise dans les vocaux « Black », est parfois à la limite de sombrer dans le rébarbatif en raison d'un réel manque de variété. Par chance, les morceaux sont alors suffisamment protéiformes pour atténuer ce sentiment. C’est par exemple le cas de « Cease To Be » qui après une entame propre au « Black » le plus pur se voit transpercé par un passage calme suivi d’une guitare aérienne débouchant sur un solo dans la plus pure tradition Hard Rock (soit au total plus de deux minutes de guitare salvatrice).
La variété vient également de certains morceaux qui, comme « Longing », apportent un aspect très organique absent du reste du disque. Cet instrumental ne possède en effet pas le côté travaillé et grandiloquent des autres compositions. Il commence doucement sur une ambiance très groovy essentiellement due à l’utilisation d’une basse vrombissante, pour se terminer d’une manière plus débridée, toujours à l’aulne d’une basse omniprésente.
Ce « A Bleak Reflection » nous montre un groupe mature, original dans sa démarche et techniquement très au point. Dans un style qui a souvent tendance à tourner en rond et à ne jouer que la carte de la puissance, le groupe parvient à multiplier ses angles d’attaque et ses vecteurs d’expression de manière très intéressante. Un léger effort supplémentaire en terme de diversification du chant et des rythmiques de guitare, et nous tenons là un très grand du Black Metal. Un Black Metal qui, chose assez rare, joue la carte de l’innovation et de la prise de risque.
Une très bonne surprise.