Nous voici en présence d'un cas d’espèce vraiment particulier, à la fois curieux et original : un barbu tout seul, multi-instrumentiste, interprétant un Pop/Rock Indie avec un zest d’électro, et le plus surprenant, c’est qu’il est français ! Boogers sort donc son deuxième album, "As Clean As Possible", en ce mois de mars 2010, et tente d'amener quelque chose de neuf et d'original à la scène Pop Rock actuelle.
Bien que déboulant d’entrée de jeu avec des titres très Pop voulant swinguer un max, comme avec la guitare clean au rythme marqué d’"Anywhere" ou le côté plus Hip Hop aux tendances reggaes de "I Trust You" partant dans un refrain électronique, nous remarquons néanmoins que Boogers ne fait pas dans le Pop Rock ‘classique’, tentant d’insuffler quelque chose de nouveau en dépassant les clichés souvent trop marqués de la Pop.
Alors certes, bien que les titres soient basés sur le traditionnel couplet/refrain/couplet si cher à la Pop pour l’efficacité que cela peut produire, notre homme veut mixer les styles, de manière décomplexée, utilisant à la fois, en plus des traditionnelles guitare/basse/batterie, diverses sonorités électroniques, mais également une trompette sur certains titres ("Someday", "I Lost My Lungs", "I’m Sorry"). Ainsi, "I Lost My Lungs", avec son rythme de guitare acoustique soutenu et chantonné, sa trompette mais aussi ses quelques notes de piano se révèle assez atypique pour notre plus grand plaisir. Dans un autre registre, "Put Your Head" ou "Perfect Week" s’engagent dans la voie d’un Rock effréné, le premier enchaînant des accords de cinquième à la Punk Rock, tandis que le second se contente d’un Rock plus classique avec des guitares semi-saturées et quelques effets électro ça et là. Dans un registre plus évolutif, pour ne pas dire progressif, "The Devil" se révèle extrêmement intéressant avec son début acoustique au rythme puissant et saisissant soutenu par une boite à rythme dynamique, avant de partir dans un trip clownesque aux accords de trompettes en contretemps.
Cependant, des rythmes effrénés aux mélodies sympatoches ne parviennent pas à produire des musiques vraiment marquantes ou accrocheuses, la faute au chant. Et oui, se vouloir multi-instrumentiste est une chose, mais vouloir être chanteur en est une autre. Il est bien dommage de constater que notre pauvre Boogers, avec son timbre fort quelconque de karaoké-man du dimanche et son pitoyable accent anglophone, n’arrive pas à convaincre sur le plan vocal, chose pourtant indispensable dans le domaine du Pop Rock. Alors oui, au lieu de séduire et d’accrocher, la voix de Boogers fait rire, donnant une véritable dimension comique à beaucoup des titres de l’album, comme si l’on avait affaire au final à une sorte de parodie de la Pop au sens large du terme, mélangeant Rock, Punk, Electro ou encore Hip Hop, le tout uni sous la bannière du comique avec un chant risible. Et si l’on veut atteindre le comble du ridicule, il suffit de poser une oreille sur le début de "I Wanna Do It Now" qui rappelle tant dans sa rythmique que dans ses sonorités (avec les claviers au son xylophonique) la musique (attention à la référence que je vais employer…) du clip du SAV des émissions d’Omar et Fred... rien que ça ! Heureusement, le final du titre contraste avec le début en partant dans un trip Punk-Rock aux guitares saturées enchaînant les accords de cinquième.
En définitive, du haut de ses 35 minutes, "As Clean As Possible" ne restera dans les esprits qu’en tant que galette aussi atypique que comique. On salue tout de même l’initiative de Monsieur Boogers, qui a le mérite de nous servir quelque chose de tout sauf quelconque !