Lars Eric Mattsson est à la Finlande ce que Arjen Anthony Lucassen est à la Hollande : un multi–instrumentiste talentueux ne pouvant se sentir équilibré que dans un déluge continu de découvertes musicales. Ils ont aussi un point commun principal : la recherche de LA voix qui encensera leurs compositions. A ce petit jeu, Mattsson a trouvé la perle rare depuis l’album précédent en la personne d’Adrienn Antal. Pour notre plus grand plaisir auditif, l’homme a su retenir cette jeune chanteuse pour la réalisation de «Tango», le seul changement de personnel par rapport à «Dreamchild» étant le remplacement de Bjorn Lodin par Markku Kuikka pour la partie chantée masculine, le fidèle batteur Eddie Sledgehammer clôturant quand à lui le générique.
Sur ce «Tango» le propos de Mattsson confirme celui entrevu avec l’opus précédent et se maintient dans un registre métal progressif teinté de touches symphoniques (les violons dans The Grand Escape). Mais c’est bien du côté d’Ayreon que penche la balance avec trois titres puissamment influencés par le groupe multi-facettes, où se croisent et se recroisent les voix dans des joutes vocales impressionantes (Believe, I’ll Find Another Way, The Fire Is Burning). Bien sûr, Mattsson est un technicien de la 6 cordes (voir même plus car il joue beaucoup plus régulièrement sur des guitares 7 cordes) et l'ensemble transpire la démonstration dès le titre inaugural Never Stand Down, le soutenu Shadows ou le bien-nommé Tour De Force ; pas forcément les 3 meilleurs de l’album mais nécessaires au regard du niveau du guitariste.
Le titre éponyme de l’album est un… tango relevé à la sauce électrique ; l’exercice est osé mais réussi. Mattsson signe aussi deux ballades dignes d’intérêt mais malheureusement celles-ci sont bien trop courtes et des petites envolées à la Rothery auraient été les bienvenues. Cependant, ne boudons pas notre plaisir car le morceau où la puissance et la qualité du combo éclate est (bizarrement ?) le plus long et le plus progressif au regard de la structure employée. The Grand Escape, puisque que c’est lui dont il s’agit, assassine sur place avec l’apparition des violons (samplés sûrement) et des alternances de parties lentes et rapides boostées à l’adrénaline électrique : selon Mattsson, la meilleure composition qu’il n’ait jamais écrite. Là-dessus, Adrienn confirme l’immense talent déjà présent sur l’opus précédent et provoque une lame de fond gigantesque encensant ce «Tango» déjà bien réussi.
Le coup de maître (dixit Noise le chroniqueur de « Dreamchild ») est bien confirmé. Mattsson évolue dorénavant dans un registre beaucoup plus accessible et a laissé de côté ses démonstrations permanentes pour notre plus grand bonheur. Certes, l’homme ne peut s’empêcher de placer ici et là des interventions techniques dispensables mais c’est sa signature. Avec «Tango», le groupe place donc un missile bien calibré dans ce monde du Métal Progressif et la passe de deux faite avec Adrienn ne peut qu’annoncer de belles promesses pour le futur du combo s'il arrive à maintenir la même qualité lors de ses prochaines livraisons. Un bien beau disque.