"Blow Up Your Video" semble avoir remis AC/DC sur les bons rails. Pourtant, le groupe va être frappé par plusieurs problèmes qui auraient pu être fatals à nombres d'autres groupes. Mais chez AC/DC, on règle ses problèmes en famille et à l'abri des regards extérieurs. Tout commence par Malcom qui doit faire face à un problème d'alcoolisme avancé qui l'oblige à ne pas participer à la partie américaine de la tournée "Blow Up Your Video". Il sera remplacé par son neveu Stevie et l'affaire passera quasiment inaperçue grâce à la ressemblance physique. Puis c'est Brian qui doit faire face à un divorce. Le nouvel album sera donc composé dans son intégralité par les frères Young. Enfin, trouvant le temps trop long à son goût, Simon Wright finit par rejoindre Dio à temps plein. Il sera donc remplacé par le colosse au crane rasé: Chris Slade (Manfred Mann, Gary Moore, The Firm). Après toutes ses contrariétés, pas étonnant que le groupe ait décidé d'intituler son nouvel opus "The Razors Edge" ("Le fil du rasoir") !
Il faut croire qu'à l'image de leurs potes de Rose Tattoo, les Australiens savent sortir renforcés des épreuves de la vie, car leur nouvelle offrande est tout simplement stupéfiante. La production est confiée à Bruce Fairbairn (Bon Jovi, Aerosmith) qui prouve son professionnalisme et fait taire les craintes de compromission d'AC/DC à un style plus commercial dont le producteur canadien est un spécialiste. Fairbairn ne cherche à changer ni le style, ni le son d'AC/DC. Il se contente d'offrir au géant du Hard-Rock une production claire laissant sa place à chaque instrument et profite de la frappe sèche et précise de Slade pour dynamiser l'ensemble.
Si certains pourront à juste titre regretter une petite baisse de régime sur les trois derniers titres de l'album, encore faudra t'il relativiser tout ça en prenant en compte le niveau particulièrement élevé de l'ensemble. En effet, difficile de mieux commencer que par le désormais légendaire "Thunderstruck" avec son riff tricoté main par Angus et son refrain en forme d'hymne. Puissant et déchaîné, ce titre nous met directement dans le bain car le reste est à la hauteur. Variant les tempos tout en gardant une dynamique époustouflante, et nous réservant même quelques surprises, comme un "The Razors Edge" monumental et menaçant, et nous laissant à peine la place de respirer. Et AC/DC y va même de son chant de Noël, mais pas de ceux que vous trouverez sur le prochain album saisonnier des chanteurs à midinettes. Non, un chant de Noël à la AC/DC car "Mistress For Christmas" est salace et bluesy, et à ne pas mettre entre toutes les oreilles.
Il serait trop long de rentrer dans le détail de chaque titre, même si tous le mériteraient. Nous résumerons donc l'ensemble en le classant par catégories avec les fulgurants "Fire Your Guns" et "Rock Your Heart Out", auxquels nous pourront rajouter un "Shot Of Love" plus boogie, mais diablement irrésistible. Dans un tempo plus lent, "Moneytalks" offre son riff plus moelleux mais sacrément mélodique et sympathique, alors que "Are You Ready" est carrément obsédant avec son intro en arpège, et que "Got You By The Balls" est écrasant et vicieux à souhait.
AC/DC nous sert donc son meilleur album depuis "Back In Black". Et si la fin d'album lève un peu le pied, cela n'empêche pas "Lets Make It" et "If You Dare" d'être plus lourds, mais inexorables. Seul "Goodbye & Good Riddance To Bad Luck" a du mal à réellement décoller et prive donc le quintet d'un sans faute. Le retour en force est donc confirmé et il semblerait que plus rien ne pourra déloger AC/DC des sommets qu'il n'aurait jamais dû quitter. Allez j'y retourne: Thunder… ahahahahahaha, Thunder… !