Voici donc un jeune groupe qui nous sort son premier opus officiel, le bizarrement nommé "An Endless Sporadic". Bizarre ? J'ai dit bizarre ? Hé bien oui, s'il est courant de donner le nom du groupe au premier album sorti (éponyme), il est moins courant que celui-ci soit constitué de deux mots contraires (antonyme). Bref, on n'est pas là pour discuter sémantique mais bien musique. Alors, présentation : nos deux petits jeunes sont Américains ; Andy, batteur, et Zach, claviers et guitares, se rencontrent dans une école de Houston. De leurs répétitions régulières sortira un EP, "Ameliorate", qui leur permettra de figurer en piste bonus sur "Guitar Hero III", le jeu musical pour console par excellence. Les études terminées, Andy part vivre à Los Angeles pour travailler dans une boîte de conception de jeux informatiques alors que Zach se fait embaucher au "Berklee Collage Of Music" de Boston. La distance ne les empêchera toutefois pas de composer de nouveaux morceaux dont l'aboutissement est la sortie de ce premier album.
Totalement instrumentaux, les 9 morceaux qui le composent s'enchainent comme si cet album n'était constitué que d'une seule grande suite d'une bonne trentaine de minutes. Attention, vous ne retrouverez pas ici un enchevêtrement labyrinthique de morceaux au travers desquels il faut tenter de trouver les indications laissées de-ci de-là dans le but de ne pas se perdre en route. Pas du tout ! Ce sont neuf plages bien distinctes qui s'enchainent de manière naturelle et qui proposent une invitation à un voyage initiatique au cours duquel vous découvrirez différents paysages, différentes couleurs, différentes sonorités et sensations. En d'autres termes un véritable patchwork, disparate par définition mais qui, après plusieurs écoutes, vous semblera homogène. Je serais tenté même de déceler au travers de leur approche musicale une fibre, une sensibilité cinématographiques qui nous rapprocherait de la conception d'un bande originale de film, les pièces du puzzle se mettant en place petit à petit, chaque chose en son temps, les mises en ambiance, la mise en scène...
Nous ne ferons pas le tour du propriétaire ensemble, à vous de découvrir cette oeuvre pièce après pièce. Mais je m'en voudrais de ne pas vous donner quelques balises pour vous pousser, si nécessaire, à faire la visite. Ainsi vous risquez d'y rencontrer au détour d'un couloir Dream Theater, Brand X, Santana, ELP, The Liquid Tension Experiment, Monkey3, The Rocket Scientists, Danny Elfman ou encore John Williams... Vous l'aurez compris, les propriétaires des lieux connaissent la musique. Pour l'anecdote, sachez également que Zach est le cousin d'un certain Howard Shore, compositeur oscarisé de la trilogie du "Seigneur Des Anneaux", d' "Aviator" ou encore du "Silence Des Agneaux", rien que ça ! Ha, j'ai failli oublier. Nos deux lascars se sont retrouvés durant trois semaines en Suède pour enregistrer et finaliser leur album. Leurs hôtes, à qui ils rendent brillament honneur sur "Beyond The Horizon", étaient Roine Stolt à la production très seventies et son acolyte Jonas Reingold à la basse, plus en retrait qu'au sein des Flower Kings, mais parfaitement reconnaissable entre tous. Avouez que pour débuter, il y a pire comme chaperons !
Vous l'aurez compris, j'ai pris grand plaisir à découvrir ce premier album qui, j'en suis sûr, en entrainera d'autres. Un conseil, jetez-y un oeil, collez-y une oreille ou même les deux, la visite vaut le détour. Garanti sans vice caché.