Bien qu’ayant acquis une notoriété assez conséquente au tout début des années 80, c’est en 1977, année de la dernière exécution effectuée en France, que le groupe OCEAN sort son premier disque, « God’s Clown ». Pour ceux qui ne connaissent du groupe que les deux albums sortis dans les années 80, le choc risque d’être immense à l’écoute de celui-ci. En effet, loin du Hard Rock pratiqué par OCEAN sur ses albums suivants, ce « God’s Clown », est clairement ancré dans le mouvement Progressif des années 70 / 80.
Difficile en effet de ne pas citer ELP, RUSH, KING CRIMSON d’une part et LED ZEPPELIN également, lorsque celui-ci se lance dans ses compositions les plus complexes ((« The Battle Of Evermore », « No Quarter »). L’accent est clairement mis sur la qualité de l’interprétation et la complexité des compositions. Il faut dire que les français avait annoncé la couleur puisque le nom du groupe serait issu du titre de l’album « Tales From Topographic Oceans » de YES (1973).
Si le disque est censé être composé d’un seul morceau fractionné en plusieurs titres qui se suivent, les différentes plages sont suffisamment variées pour être appréciées dans leur individualité. Le groupe s'y montre impressionnant de technicité, que se soit au travers de soli remarquables, de rythmiques très efficaces et surtout de par sa capacité à changer d’ambiances et de rythmes avec une facilité déconcertante. Le chant, totalement en anglais, donne plutôt dans les aigus et bien que sonnant désormais un peu datés, il possède une musicalité et des intonations très réussies en se faisant plus profond et sensible à l’occasion (« From Death To Life »).
OCEAN, très enraciné dans l’esprit 70, n’hésite pas à innover et à accumuler les changements de mélodies, les soli à rallonge et les digressions musicales. Sans jamais sombrer dans le décousu, les compositions révèlent toutefois un groupe sérieusement allumé à l’image d’un « The Loneliness Of The Long Distance » que l’on imagine aisément tiré de la nouvelle d'Alan Sillitoe. Le résultat, se montre assez insolite, mais possède un charme indéniable et une personnalité forte.
La basse très présente et le côté très groovy de nombreux morceaux contribuent fortement à forger ce tempérament si particulier qui transpire de ce « God’s Clown ».
Avec une production d’un excellent niveau pour cette époque, nul doute que les amateurs des premières heures de RUSH (et notamment de la période « Caress Of Steel » ou de YES trouveront dans cet album de quoi assouvir leur soif d’expérimentations sonores (« The Juggler »). Un disque très attachant et d’une maturité surprenante qui ne laisse en rien augurer de l’évolution futur du groupe et du tournant plus Rock qu’il décidera de prendre par la suite.