Alors que nous n’attendions plus grand-chose cinq ans après le honni « Transgression », Fear Factory revient sur le devant de la scène, promettant de belles empoignades juridiques ! Faisant fi des menaces de poursuites de Christian Olde Wolbers et Raymond Herrera qui nous ont pondu un fort décevant « Years in the Darkness » avec Arkaea, les frères ennemis Burton C. Bell et Dino Cazares - sans oublier le retour du cinquième membre occulte Nowell Rhys Fulber aux manettes tant de la table de mixage que des claviers - nous gratifient d’un septième album sous l’appellation d’origine contrôlée qui fait tant débat, Fear Factory. Et pour remplacer la section rythmique de la grande époque, Burton C. Bell et Dino Cazares se sont entourés de la crème en la personne de Gene Hoglan et Byron Stroud (Strapping Young Lad) qui sur le papier n’ont pas grand-chose à envier à l’original. Le verdict sera-t-il tout aussi prometteur pour nos oreilles ?
Sans surprise et dans ce registre thrash metal aux relents industriels qui lui sied à merveille, l’Usine de la Peur se rappelle aux bons souvenirs de ceux qui l’ont encensée il y a dix ans notamment au moment de la sortie d’un « Obsolete ». Si l’entame éponyme, un brin pachydermique, ne laisse pas augurer du meilleur, tel un diesel, la machine Fear Factory se met progressivement en ordre de marche pour atteindre son rythme de croisière dès le titre suivant, « Industrial Discipline ».
Dans ce déferlement de polyrythmies aux sonorités cybernétiques estampillées Fear Factory, l’intro dissonante au piano symphonique de « Christploitation » et le solo de « Fair Campaign » détonnent et soulignent le zeste de prise de risques. Celle-ci reste toutefois ultra-limitée, tant les Californiens nous balancent dix titres sans surprises. Sans surprises certes, mais diantre, que nous aimons nous faire peur avec l’usine du même nom, surtout quand elle atteint un tel niveau de production !
Avec « Mechanize », le quatuor californien prouve qu’il est en pleine possession de ses moyens : les riffs acérés caractéristiques de Dino Cazares ne cessent de vous lacérer un appareil auditif déjà bien entamé par les assauts rythmiques dignes d’un AK47 de la paire Stroud/Hoglan qui ne souffre nullement de la comparaison avec celle Olde Wolbers/Herrera de la grande heure. Et que dire de la prestation de Burton C. Bell, aussi à l’aise dans ses hurlements rageurs thrash à la limite du death que sur les envolées claires, pures merveilles qui restent à jamais gravées dans votre mémoire vive ! Un titre comme « Designing the Enemy » est la parfaite preuve de ce descriptif élogieux, avec son introduction rappelant clairement le magnifique « Descent » et la montée en puissance qui s’ensuit.
Avouons que cet énième come-back d’un monument du métal ne déçoit pas ; souhaitons juste qu’il ne soit pas suivi d’une nouvelle et finale séparation, ainsi que pourrait le laisser supposer le titre de clôture « Exit Final » dont l'entêtant leitmotiv final "Goodbye" laisserait malgré tout penser que ce n'est qu'un au revoir...